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Les voies romaines. Quelques itinéraires inédits.

Principes géotopographiques de construction. Méthode de recherche et résultats1

Le monument romain le plus grandiose et le plus indestructible qu’il soit est sans nul doute le réseau routier impérial. Un chef d’œuvre de la civilisation romaine dans laquelle ces grandes voies ont pris une importance inestimable dans l’histoire du développement de l’humanité. Si les viae romanae qui irradiaient autour de Rome sont les plus illustres, celle construite en Emilie - Romagne par le consul Aemilius Lepidus en 189 (A.C.) est certainement l’une des plus remarquables.

1- La via Aemilia

Cette route traverse la large vallée du Pô depuis Plaisance jusqu’au port de Rimini sur l’Adriatique sur plus de 250 km en quasi ligne droite ; en fait une succession de longs segments rectilignes dont la section Bologne (Bononia) - Cesena (Caesena) mesure près de 82 km (fig. 1). Elle matérialise l’un des plus longs decumani de la centuriation de Romagne2. En effet, ce cadastre est formé d’un quadrillage régulier de 20 actus de coté (706 m) avec une orientation de 29,0°, soit un ratio de 5/9 (tg 29,0° = 5/9)3.  Les caractéristiques géotopographiques de cette via Aemilia illustrent parfaitement les spécificités du réseau routier romain, une originalité qu’on ne retrouve dans aucune autre civilisation, à savoir :
 
- Un parcours rectiligne sur de longues distances adapté à la topographie,
- Un tracé qui s’intègre parfaitement dans une grille cadastrale en empruntant ici un décumanus,
- Un cheminement retenu en bordure des coteaux c’est à dire hors d’eau, en l’occurrence ici le pied des Apennins (fig.1). On minimise ainsi la construction des ouvrages d’art ainsi que les travaux de maintenance de la chaussée. Ces particularités permettent de distinguer très rapidement une voie publique d’Etat (via publica) de tout autre chemin antique ou de route plus tardive.


Figure 1. La Via Aemilia levante. La voie rectiligne est orientée dans le cadastre selon un ratio mundi de 5/9.
Fig. 1. La Via Aemilia levante. La voie rectiligne est orientée dans le cadastre selon un ratio mundi de 5/9.


2- Les relations voie – cadastre.

Le cadastre romain est une construction géométrique simple : deux axes orthogonaux, un Decumanus Maximus et un Kardo Maximus tracés en un point d’origine, parfaitement orientés par rapport au nord géographique. Ces angles sont fixés par l’équerre du géomètre, ce sont toujours des rapports sous multiples de 5 :

Angle
a (°)
0,00
5,71
11,31
16,70
21,80
26,57
29,05
30,96
32,00
35,54
38,66
39,81
45,00
Ratio
(tg a)
0,00 1/10 1/5 3/10 2/5 5/10 5/9 3/5 5/8 5/7 4/5 5/6 10/10

Donc à partir d’une orientation choisie, le géomètre trace sur le terrain une trame régulière, un quadrillage dont le carré élémentaire a pour côté 1 centurie (~706 m, soit une superficie de ~50 ha). Ensuite, la voie rectiligne sera tracée dans ce canevas en tenant compte de la topographie des lieux. Elle emprunte généralement les lignes cardinales ou les diagonales, celles-ci étant toujours des rapports simples comme 1/1, ½, 3/5, etc. (fig. 2), en fait les diagonales de l’équerre (fig.3).


Fig. 2. Principe des relations voie - cadastre. Cadastre orienté à 31°/Est (3/5)
Fig. 2. Principe des relations voie - cadastre. Cadastre orienté à 31°/Est (3/5)


Fig. 3. Principe de l’équerre et son gnomon. Miniature du manuscrit Arcerianus (La.189, 8-15).
Fig. 3. Principe de l’équerre et son gnomon. Miniature du manuscrit Arcerianus (La.189, 8-15).

Selon ce principe, il est possible de calculer l’orientation d’une voie sachant dans l’exemple ci-dessus (fig.2), qu’elle est une diagonale simple (1/1, soit 45°) dans un cadastre orienté à 31° Est (3/5) : Az = 31°+ 45° = 76°. Les angles s’ajoutent toujours algébriquement4. Ou encore quand elle rentre en diagonale ½, son orientation est égale alors à 31°+ 63,4° (arctg 2/1) = 94,4° (quadrant N-E, fig. 2).

La méthode est donc extrêmement simple, particulièrement efficace pour retrouver sur le terrain une voie romaine puisque l’on connaît son azimut exact et qu’il suffit de le prendre et d’observer.


Cas de figures :

1er cas) : La centuriation est connue.

On commence par adopter pour son azimut un ratio exact (voir tableau ci-dessus). Si un tronçon de la voie est avéré, on recherche dans la grille cadastrale les diagonales possibles, compte tenu de la topographie et des critères directeurs adoptés par les géomètres. On retiendra en général une ou plusieurs hypothèses possibles et on détermine pour chacune d’elle l’orientation théorique du tronçon de voie recherché selon le principe exposé ci-dessus. Ensuite sur le terrain, on part du point avéré et l’on suit l’azimut théorique à la recherche des indices et des vestiges de chaussée romaine, et ainsi de proche en proche.

 2e cas) : Plusieurs cadastres ont été répertoriés.

On ne retient pour chacun d’eux que le ratio possible du tableau autorisé par l’équerre. On recherche ensuite pour chacun des cadastres, si le segment de route avérée est une diagonale simple dans la grille, celle-ci est souvent décumane, cardinale ou diagonale 1/1. On effectue pour un autre segment de voie le même exercice : recherche de la grille orientée la plus probable, celle qui conduit à des rapports simples. En multipliant ces exercices, on élimine statistiquement l’effet fortuit des combinaisons des ratios. On détermine ainsi la centuriation qui a servi de support à la voie.

3e cas) : La centuriation n’est pas répertoriée, mais plusieurs tronçons de la chaussée sont reconnus et leurs azimuts connus.

On cherche donc à connaître la grille fondatrice de cette voie. Avec un peu d’expérience et une observation attentive du parcellaire, il est possible de trouver parmi les orientations cadastrales possibles (voir tableau), celle qui répond au mieux par des rapports simples, la relation voie – cadastre. Cependant on doit rester extrêmement prudent dans la combinaison des ratios, car il existe souvent plusieurs combinaisons de rapports qui donnent un angle proche de l’orientation donnée. Le doute scientifique doit prévaloir et seules les preuves sur le terrain répondent au problème.

Bien comprise, cette méthode peut devenir un outil de prédiction puissant qui permet de retrouver très exactement sur le terrain le passage d’une via publica. Ce que nous tenterons de montrer avec les exemples suivants.


3- Cadastres et voies romaines. Comment les géomètres romains construisaient-ils leur réseau routier dans le réseau cadastral ?

3-1. La grande centuriation d’Afrique et la voie d’Asprenas.

La grande centuriation de l’Africa Nova (Tunisie) est un très bon exemple de cadastre puisqu’il est certifié par ses nombreuses bornes cadastrales, dont 33 trouvées à ce jour. Ces cippes sur lesquelles sont inscrites ses coordonnées romaines ont été retrouvés in situ, dont plus d’une quinzaine d’inédits après d’intensives recherches dans le Sud tunisien. On disposait pour cela d’un modèle géométrique du réseau5. La découverte d’une borne n’est plus le fruit du hasard ou d’une prospection aléatoire, mais le résultat d’une recherche orientée précisément vers les nœuds de la grille romaine où se situaient ces repères géodésiques. Les paramètres calculés de cette centuriation sont les suivants :
 
- azimut du kardo 54,5° Est, ratio exact de 7/5 (fig. 4),
- une centurie c de 2 400 pes de côté égale à 706 m +/-3 m,
- un point d’origine située près d’Ammaedara. Ammaedara était le camp de la 3e légion Augusta en charge de ces “levers géodésiques”. Cette origine se situe à plus de 300 km, c'est-à-dire très loin de la région des chotts où ces bornes ont été placées.

A partir de ces levers, les géomètres ont tracé une route militaire pour relier ce camp au port de Tacape (Gabès) dans le golfe de la petite Syrte. Cette voie a été réalisée sous le proconsulat de N. Asprenas (27 après J.-C.). Elle est remarquable par ses nombreux milliaires encore en place.  Nous l’avons parcourue systématiquement à la recherche de ses bornes ou des vestiges de sa chaussée6. Nous avons constaté qu’elle s’inscrit régulièrement dans la grille cadastrale. On a retrouvé par exemple au mille 153, c'est-à-dire à 246 km du point de départ, un nid de milliaires dont au milieu une borne cadastrale marquée du 68e décumanus (fig. 4). Le lien géographique entre les deux systèmes est indéniable.


Fig. 4. La grande centuriation avec ses bornes gromatiques (B), la voie du proconsul Asprenas avec ses milliaires (M). La voie qui est d’abord décumane rentre ensuite dans un rapport ¼ dans la grille.
Fig. 4. La grande centuriation avec ses bornes gromatiques (B), la voie du proconsul Asprenas avec ses milliaires (M).
La voie qui est d’abord décumane rentre ensuite dans un rapport ¼ dans la grille.

D’autre part, nous avons remarqué que la voie rectiligne dans le Bled Segui emprunte après le relais routier de Thasarte (Henchir El Aoussej) de la Table de Peutinger un décumanus sur près de 6 kilomètres (fig.5). Ensuite, après le franchissement d’un col et le passage aux puits de Biar Bouloufa, la station de Silesua la voie rentre dans le rapport ¼ avec la grille cadastrale7. Ainsi son azimut se calcule facilement8 . Il suffit donc sur le terrain de suivre cet azimut pour relever de mille en mille (ici tous les 1610 m) les bornes suivantes. On a donc établi de proche en proche un profil exact de la voie (fig.5). Les deux réseaux cadastral et routier sont ainsi intimement liés. C’est le premier enseignement à tirer de ces recherches. La voie est construite dans le carroyage de la pertica qui sert d’ossature géodésique au tracé de la route. Celle-ci est construite dans la grille et non pas l’inverse comme cela est parfois avancé. Cette chronologie relative centuriation puis voie est essentielle si l’on doit dater ces événements.


Fig. 5. La voie d’Asprenas (en noir) et ses milliaires (M). La centuriation (en rouge) et ses bornes gromatiques (B). Les deux réseaux sont intimement liés. La voie rentre dans des rapports simples avec la grille.
Fig. 5. La voie d’Asprenas (en noir) et ses milliaires (M). La centuriation (en rouge) et ses bornes gromatiques (B).
Les deux réseaux sont intimement liés. La voie rentre dans des rapports simples avec la grille.


3-2. La via Domitia et le plan cadastral de la colonie de Nîmes.

La voie domitienne est parfaitement reconnue dans la région de Nîmes. Jalonnée de nombreuses bornes milliaires (fig. 7) retrouvées entre Beaucaire (Ugernum) au franchissement du Rhône et Nîmes (Nemausus), son cheminement est quasiment toujours rectiligne. Il a été retrouvé à Orange par ailleurs, les débris de marbre de trois documents cadastraux réalisés sous Vespasien9. L’assiette de ces 3 plans a pu être reconstituée, dont le plan A ainsi nommé qui est celui de la colonie de Nîmes. Cette pertica10 orientée à 32, 0° Ouest (- 3/5) s’étend sur toute la plaine de Nîmes depuis la bordure des garrigues jusqu’au petit Rhône d’une part, du Rhône au Vidourle d’autre part (fig. 6). Les centuries sont ici rectangulaires 2 * 1 et leurs coordonnées sont gravées dans le marbre. Il ne peut pas avoir confusion, le cadastre est authentifié. Ainsi, la via Domitia rentre dans une diagonale parfaite de cette grille (rapport 3/5). Elle passe par les nœuds suivants : ck 11- sd 23, ck 8 - sd 18, ck 2 - sd 811. Il n’y a aucune ambiguïté, les deux systèmes cadastre et tracé sont géométriquement liés dans leur cadre géographique12 


Fig. 6. La centuriation de Nîmes et les voies romaines. En violet les axes cardinaux, en noir les routes, en encadré les centuries.
Fig. 6. La centuriation de Nîmes et les voies romaines. En violet les axes cardinaux, en noir les routes, en encadré les centuries.


Fig. 7. Les bornes du XIIIe mille.
Fig. 7. Les bornes du XIIIe mille.

3-3 Les cadastres de Narbonnaise et la voie d’Aquitaine.

Il y a peu de temps encore, la voie d’Aquitaine de Narbonne à Carcassonne était peu connue du grand public. Il devait probablement manquer aux spécialistes locaux la compétence suffisante, cet esprit d’analyse systémique et de synthèse qui permettent d’expliquer aux profanes l’essentiel. A contrario, on a continué à professer des thèses invraisemblables en particulier dans la Carte Archéologique de la Gaule (Aude)13 dans laquelle les options et les variantes entraînent la confusion la plus totale à propos d’un itinéraire unique, parfaitement déterminé par la Table théodosienne et l’Itinéraire hiérosolomytain.

Pourtant E. Griffe14  avait déjà proposé en 1938 un tracé approximatif, précisé ensuite par  J. Euzet15. R. Aymé16 signale bien certains tronçons avérés de route antique mais sans rapport apparent avec la voie d’Aquitaine ou sans continuité entre eux.  Nous avons donc essayé de reconstituer sur carte, puis sur le terrain un tracé aussi précis que possible, compte tenu de tous les éléments en notre possession. L’itinéraire17 (fig. 8) passe par la station d’Usuerva (Gaujac près de Lézignan - Corbières) et le vicus de Liviana près de Capendu18. Il restait à préciser et à relever ses relations avec la centuriation locale.


fig. 8. La voie de Narbonne à Carcassonne, la via Tolosana. On notera l’emplacement de Liviana près de Capendu et de Tricesimum (30e) à Barbaira.
fig. 8. La voie de Narbonne à Carcassonne, la via Tolosana.
On notera l’emplacement de Liviana près de Capendu et de Tricesimum (30e mille) à Barbaira.


3-4. Méthode géométrique.

On commence par superposer la grille cadastrale selon son ratio exact sur les photos satellitaires ou une carte. Ensuite en fonction des traces avérées de la chaussée romaine, on recherche dans quels rapports simples ces segments de voie pourraient rentrer dans la trame. Ici dans ce cas précis puisque la grille est calée sur le nord (0°), leur azimut est donné directement par le rapport. Par exemple à la sortie de Capendu, l’ancien chemin de Capendu à Saint-Couat semblait rentrer dans le ratio 2/1, soit un azimut exact de 63,4° (arctg 2/1) (fig. 11).

3-5. Recherches et prospection.

Si la nature impose ses lois, la géométrie impose les siennes. Une voie romaine se présente toujours comme une succession de segments rectilignes adaptés au terrain et à la grille cadastrale19, souvent selon des lignes décumanes ou cardinales. Sa rectitude ainsi que son orientation dans la grille sont des preuves indubitables de son caractère romain au même titre que ses éléments archéologiques de datation. C’est ainsi qu’à partir d’un point ou d’un tracé connu, il est possible d’anticiper son cheminement selon la méthode proposée20, puis d’aller prospecter selon l’azimut ainsi déterminé et de relever les indices.

Comment différencier une voie romaine d’un vieux chemin ?

 Il serait hors de propos de développer ici la structure des voies romaines et leurs techniques de construction qu’on trouvera dans tous les bons ouvrages21. L’accumulation d’indices sur une même ligne sur des centaines de mètres, voire des kilomètres est un critère objectif qui élimine les artéfacts ou les traces d’habitat isolé. On recherchera toujours la contre preuve (absence de vestiges) en dehors de cet axe. La via consularis a une largeur conséquente (~ 6 à 7 m), toujours empierrée et rarement pavée. Elle est reconnaissable sur le terrain par un léger aplatissement, la présence de cailloutis de la bande de roulement ou de dépôts de terre cuite (tegulae, imbrices, bris de poterie, etc.) apportés lors des réfections de la chaussée, ces prestations ou obligations faites aux riverains d’entretenir ces voies. La présence de gros blocs de pierre anthropiques remontés en surface lors des labours profonds sont des preuves formelles22. L’observation d’une coupe naturelle (fig. 9a  et 9b) ou la présence de vestiges de pontet aux traversées de ruisseau ou de talweg est une preuve archéologique indubitable.


Fig. 9a.  Coupe de la chaussée romaine. (croquis  R. Hilton)
Fig. 9a.  Coupe de la chaussée romaine. (croquis  R. Hilton)


Fig. 9b. Coupe naturelle de la voie d’Aquitaine
Fig. 9b. Coupe naturelle de la voie d’Aquitaine


4. La voie d’Aquitaine et le Decumanus Maximus de Narbonne.

Le tracé général ayant été préalablement défini, nous avons recherché dans un second temps quelle pouvait être la centuriation qui avait généré cette voie. Pas moins de cinq cadastres ont été répertoriés autour de Narbonne (cas n°2), auquel on peut rajouter celui de Carcassonne orienté nord - sud23. Toutes ces options ont été analysées pour ne retenir en définitive que ce dernier à 0°.

A partir de Barbaira, Ad Tricesimum (au 30e mille de Narbonne), la voie romaine descend la vallée de l’Aude selon une direction plein est, c'est-à-dire sur un parallèle géographique. Ce decumanus est très particulier puisqu’il passe exactement par le forum de Narbonne, à l’ombilic de la cité, là où se situait le “milliaire d’or” de la province narbonnaise. C’est l’origine du bornage des voies domitienne et d’Aquitaine. On peut donc parler du Decumanus Maximus, il est calé exactement à N  43,18640°.

Il a été retrouvé sur ce tronçon rectiligne de 3200 m une borne milliaire (de Tetricus) au IX mille du castellum de Carcassonne24. On suit sans difficulté grâce à ses vestiges la voie romaine qui ne se confond jamais avec l’ex N 113, jusqu’à Capendu. Là elle change de direction selon une diagonale 2/1 (Az = arctg 2/1 = 63,4°) pour emprunter peu ou prou le chemin de “Capendu à St-Couat”, appelé aussi “cami das Roumios”. On a noté la présence d’un site archéologique de plusieurs hectares, situé exactement à 12 milles de Carcassonne. Ce serait la station de Liviana (Table de Peutinger), ce fameux vicus où fut exilé le patricien Sidoine Apollinaire en 475.


Fig.10. La voie d’Aquitaine à Tricesimum emprunte le décumanus maximus de Narbonne. A Liviana, elle prend la diagonale 2/1 sur laquelle le pavage à été mis au jour.
Fig.10. La voie d’Aquitaine à Tricesimum emprunte le décumanus maximus de Narbonne.
A Liviana, elle prend la diagonale 2/1 sur laquelle le pavage à été mis au jour.


Trois années plus tard, une chaussée pavée de 7 m  était dégagée lors de sondages préventifs par l’INRAP25 dans l’ancien lit du ruisseau de Roque Sole26 (fig. 11). La chaussée romaine (fig. 12) se situe exactement à l’emplacement que nous avions déterminé et selon l’axe préalablement définis27


Fig. 11. La voie d’Aquitaine suit à Capendu une diagonale 2/1 de la grille cadastrale (en rouge). Les points GPS indiquent les indices archéologiques relevés en surface.
Fig. 11. La voie d’Aquitaine suit à Capendu une diagonale 2/1 de la grille cadastrale (en rouge).
Les points GPS indiquent les indices archéologiques relevés en surface.


Fig. 12. Le pavage de Roque Sole mis au jour près de Capendu a validé le tracé et la méthode.
Fig. 12. Le pavage de Roque Sole mis au jour près de Capendu a validé le tracé et la méthode.


Après avoir atteint le grand coude (Flexus) de l’Aude à St-Couat, paroisse dans laquelle deux milliaires d’Auguste ont été signalés, la voie romaine contournait La Lécune, une zone marécageuse toujours inondable avant de franchir le seuil de Moux et passer enfin sur le bassin versant de l’Orbieu. A Conilhac-Corbières, la route retrouve le décumanus de Narbonne, ainsi qu’à Gaujac (les stations d’Hosuerbas, Usuerva) qu’elle emprunte sur près de 2 milles (fig. 13). On retrouve la voie à la traversée de l’Orbieu près de la Rougeante, puis dans le vallon des Clottes pour atteindre Montredon-des-Corbières où elle emprunte à nouveau le décumanus maximus sur une chaussée légèrement surélevée à cause d’une zone inondable. Elle atteignait enfin la vallée du Veyret à Cap de Pla qu’elle longeait selon un premier décumanus qu’on retrouve encore dans les vignes jusqu’aux abords de la ville (fig. 15). Elle se raccordait à la via Domitia à l’emplacement de la future porte St Paul (fig. 14).  Ensuite, elle se confond avec la voie domitienne jusqu’à son point de départ (le caput viae de la voie) sur l’Area du forum de Narbo Marsius (Comput : 43,18640° ; 3,00646° WGS 84). Le tracé proposé (en noir sur la figure 14) se différencie notablement de l’hypothèse généralement admise au départ de la rue de la Parerie (en jaune, fig. 14).

L’inscription de cette grande voie romaine dans la centuriation de Narbonne est tout à fait remarquable puisqu’elle est construite autour de son Decumanus Maximus sur plus de 60 centuries (~42 km) et qu’elle a été dévoilée dans l’intégralité de son parcours jusqu’à Toulouse. “Une fois de plus, il nous faut constater que le chapitre de la Carte Archéologique (de l’Aude) sur les voies antiques est un travail incomplet et décevant. Il est regrettable que les auteurs n’aient pas eu la possibilité de vérifier les observations qu’ils ont recueillis dans les publications des érudits locaux… 28. Nous n’avons absolument rien à soustraire à la remarque d’E Griffe qui reste d’actualité en ce qui concerne la dernière livraison de cette revue.


Fig. 13. La voie d’Aquitaine et le décumanus maximus de Narbonne.
Fig. 13. La voie d’Aquitaine et le décumanus maximus de Narbonne.


Fig. 14.  L’entrée de la voie romaine dans Narbonne. La voie suit le 1er décumanus et se raccorde à la via Domitia près de la porte St Paul
Fig. 14.  L’entrée de la voie romaine dans Narbonne.
La voie suit le 1er décumanus et se raccorde à la via Domitia près de la porte St Paul


Fig. 15. L’entrée de la voie romaine dans la Narbonne actuelle.(Ph. M. Douyère)
Fig. 15. L’entrée de la voie romaine dans la Narbonne actuelle.(Ph. M. Douyère)


Fig. 16. Les anciennes routes dans l’Aude d’après Griffe (1974)
Fig. 16. Les anciennes routes dans l’Aude d’après Griffe (1974)


5. Le chemin romieu

Cette ancienne route était autrefois empruntée par les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle qui arrivés à Béziers se rendaient directement à Toulouse en évitant Narbonne et Carcassonne.  E. Griffe29 a été l’un des premiers à proposer un itinéraire crédible (fig. 16) en se basant sur l’étude des compoix et des cadastres de l’ancien régime. Il est étonnant de constater une fois de plus que cette voie n’a pas été l’objet de recherches archéologiques sérieuses et que la dernière version de la CAG de l’Aude30 ne nous apporte rien de nouveau sur son tracé, sinon quelques vagues divagations31  sur les “routes transversales”. Les cartes au 1/100 000e et au 1/25000e de l’ IGN sont nettement plus précieuses, elles signalent quelques portions de voie sans qu’on puisse y trouver une continuité. On a donc tenté d’établir son tracé exact à partir de la méthode géométrique proposée ci-dessus.

5-1. Une voie romaine indéniable

La méthode est facile à mettre en œuvre puisque la centuriation est connue (Narbonne A- Carcassonne), calée à 0° et que certains tronçons de la route sont reconnus. On peut donc appliquer directement la grille cadastrale 0° avec un pas de 706 m sur une image satellite GE par exemple (fig. 17) et vérifier que ces tronçons s’intègrent parfaitement dans le carroyage, puis aller sur le terrain pour la prospection et faire les  vérifications32 nécessaires. Ainsi au sud de Laure Minervois, le “chemin des Roumieux” est strictement ouest/est, il  emprunte depuis Naucadéry une ligne décumane à N 43,24917°. Puis non loin de St-Frichoux à partir du mourel de Lucas, il bifurque selon une direction à 68 ° (la diagonale 5/2) pour éviter l’ancien étang de Marseillette pour reprendre ensuite une autre ligne décumane (N 43,26161°) jusqu’à La Redorte (fig. 17).


Fig. 17. Le chemin romieu à St-Frichoux. Il emprunte la décumane au sud de Laure, puis celle de Rieux. A noter les points GPS, la coupe de sa chaussée et sa bordure empierrée. Grille cadastrale en rouge.
Fig. 17. Le chemin romieu à St-Frichoux. Il emprunte la décumane au sud de Laure, puis celle de Rieux.
A noter les points GPS, la coupe de sa chaussée et sa bordure empierrée.
Grille cadastrale en rouge.


Fig.18. Le chemin romieu sur la carte de Cassini.Il prend une succession de lignes décumanes toutes orientées plein ouest, entrecoupées  de sections obliques afin d’éviter les obstacles naturels.
Fig.18. Le chemin romieu sur la carte de Cassini.
Il prend une succession de lignes décumanes toutes orientées plein ouest, entrecoupées  de sections obliques afin d’éviter les obstacles naturels.


Ce tracé est remarquable par sa géométrie, deux décumanes et une diagonale 5/2  et son adaptation à la topographie de la région. La route passe de colline en colline, de mourel en pech, toujours en bordure de coteau et hors d’eau à une altitude d’environ 90 m. Les vestiges relevés sur le parcourt sont signifiants : pierres grossières exogènes de la fondation bien visibles en dehors du chemin actuel, coupes remarquables du statumen dans certains talus ou fossés (coupe 138 : 43,25199° ; 2,54071°), bordure de belles pierres taillées au pech Sainte-Marie (fig. 17), nombreux débris de >tegulae et d’imbrices. Le second décumanus, ce parallèle géographique de plus de 6 km n’est plus emprunté du tout, la voie a complètement disparu. Seules quelques vagues traces, limites de parcellaire ou petits bouts de chemin subsistent parfois.  La voie contourne par le nord l’ancien étang de Marseillette, passe au nord de St Antoine, Ste Marie et St Eugène avant de franchir une barre rocheuse par un petit collet. Elle redescend ensuite toujours en droite ligne au domaine de La Rèze d’où elle franchit le cours d’eau du Naval par un gué (toujours en service, fig. 20), puis celui de l’Argent Double qu’elle traversait sur un pont aujourd’hui disparu33. Elle passe ensuite près de l’ancien Moulin Petit pour atteindre, toujours à la même latitude, un carrefour sur la petite route conduisant à l’ancienne chapelle de La Madeleine qui n’existe plus.  Ensuite le chemin (fig. 19) devenu limite de commune au sud d’Azille prend un azimut de 79° (5/1) jusqu’au carrefour des Mouillères, où il emprunte à un nouveau décumanus (N 43,26690°) pour éviter par le sud l’étang de Jouarres et atteindre finalement Homps (fig. 18).


Fig. 19. Le voie romaine aux Fans.
Fig. 19. Le voie romaine aux Fans.



Fig. 20.Le chemin romieu à Rieux- Minervois. Un parallèle géographique remarquable.
Fig. 20.Le chemin romieu à Rieux- Minervois.
Un parallèle géographique remarquable.


Le tracé parfaitement rectiligne s’inscrit régulièrement dans le cadastre. Indéniablement il s’agit bien d’une voie romaine  dont on reconnaît sur le terrain les divers aménagements34.

5 -2. Un tracé inédit et une nouvelle voie romaine.

Au sud de Laure-Minervois, à partir du domaine de Naucadery les cartes IGN sont muettes et Griffe nous donne un parcourt approximatif jusqu’à Pennautier qu’il raccorde ensuite au chemin de l’Estrade (fig. 16). Nous avons pu établir pour la première fois un tracé original grâce à notre méthode. A partir de Naucadery (fig. 14), la voie dallée large de ~ 4,5 m (15 pedes) contourne le Grand Mourral (fig. 23), puis emprunte une diagonale 3/1 pour rattraper près de Villepeyrous un nouveau décumanus (N 43,24347°) qu’on suivra jusqu’à Pennautier sur 10,50 km. Ce dernier passe au sud de Malves-en-Minervois par la croix Bartès, puis traverse la Clamoux sur le “pont romieu” dont les substructions étaient encore visibles au XVIIIe siècle (fig. 21).  Le franchissement de l’Orbiel tout proche restait une énigme d’autant plus intrigante que plusieurs auteurs y plaçaient cette défaite des Chrétiens en 793 devant les troupes sarrasines35. “Aucune trace du pont de l’Orbiel n’a jamais été signalée” précise E. Griffe36 et le pont actuel de la Mée, baptisé “pont romain” par les guides touristiques n’a rien de spécifiquement romain. La traversée de l’Orbiel devait se faire en fait au pied du domaine de Fourtou (fig. 21). En effet, la voie romaine est encore matérialisée par un vieux chemin, le chemin d’accès actuel au domaine et par une rampe qui dévale la pente jusqu’au bord de l’Orbiel où l’on trouve les vestiges d’un moulin abandonné et les traces d’un oratoire37.


Fig. 21. La voie romaine à Fourtou et le pont sur l’Orbiel. Le tracé proposé est distinct du “chemin des Romains” indiqué sur la carte IGN.
Fig. 21. La voie romaine à Fourtou et le pont sur l’Orbiel.
Le tracé proposé est distinct du “chemin des Romains” indiqué sur la carte IGN.


Au-delà de Fourtou, le chemin continue toujours plein ouest sur son parallèle géographique jusqu’à l’ancienne chapelle St Pierre et le carrefour de Bezons (fig. 22) en évitant soigneusement les méandres du Fresquel. Il réapparaît plus loin près de l’ancien moulin du Chapitre à Précontal où on le suit sans difficulté au nord de la ferme du Rivals jusqu’à la trouée des Bouissonades. Pour franchir cette crête, les terrassiers romains ont creusé une tranchée qui la traverse d’ouest en est38.  On retrouve ensuite les vestiges de sa chaussée dans les vignes jusqu’à Pennautier. Selon E. Griffe, la voie ne franchissait pas le Fresquel pour se raccorder plus au nord au chemin de l’Estrade près de Ventenac Cabardès (fig. 24).


Fig. 22 Les grandes voies romaines du Carcassès. En noir la voie d’Aquitaine, en violet le chemin romieu, en jaune la jonction du Fresquel, en bleu turquoise l’esquisse du chemin de l’Estrade.
Fig. 22 Les grandes voies romaines du Carcassès. En noir la voie d’Aquitaine, en violet le chemin romieu, en jaune la jonction du Fresquel, en bleu turquoise l’esquisse du chemin de l’Estrade.


Fig. 23. Chemin dallé à Naucadery au pied du Grand Mourral
Fig. 23. Chemin dallé à Naucadery au pied du Grand Mourral.


Ce brusque changement de direction parait étonnant, d’autant que de l’autre côté de la rivière on pourrait rattraper facilement la route d’Aquitaine et atteindre l’importante station de Cedros. Pennautier doit pourtant sa création à la possibilité de franchir la rivière par un gué, puis par un pont. Le chemin romieu se retrouve de fait sur la rive droite du Fresquel, il emprunte une fois de plus un nouveau décumanus (N 43,24510°) qui passe par La Lande, St Michel avant d’atteindre finalement “Ad Cedros” (fig. 24), la mutatio de la voie impériale à Villesèquelande.


Fig. 24. Les voies romaines : la via Aquitania (en noir) et le chemin romieu (en violet).
Fig. 24. Les voies romaines : la via Aquitania (en noir) et le chemin romieu (en violet).


Fig. 25. Le chemin romieu en Minervois. Le tracé originel ne serpente pas comme le chemin actuel. Il évite au fond la zone inondée de St-Frichoux.
Fig. 25. Le chemin romieu en Minervois. Le tracé originel ne serpente pas comme le chemin actuel.
Il évite au fond la zone inondée de St-Frichoux.


5-3. Le cami roumiou, une voie romaine au tracé remarquable.

Le chemin  qui, à partir du XIIe siècle, porta le nom de chemin de Saint-Jacques et par la suite celui de romieu est sans conteste une véritable voie romaine par le profil de son tracé et par sa structure matérielle. Apparemment cette voie n’aurait pas été bornée, puisque aucun milliaire n’a été signalé sur son secteur. Son itinéraire vient d’être entièrement précisé dans le département de l’Aude depuis Homps jusqu’à son raccordement à la voie d’Aquitaine à Cedros (Villeséquelande).  Ce tracé est caractérisé par une succession de segments rectilignes strictement est-ouest, en fait des lignes décumanes de la centuriation Narbonne A - Carcassonne raccordés par des diagonales simples du réseau quadrillé. Ce cheminement est dicté par la topographie et les difficultés naturelles que les géomètres voulaient éviter. Il est remarquable à plus d’un titre, car il évite les zones marécageuses et les étangs (Marseillette, Jouarres, Azille), contourne les cours d’eau importants (méandres de l’Aude ou de l’ancien lit du Fresquel) ou les monts trop abrupts (Grand Mourral, Mourel Gros, etc.). Ce cheminement précis devrait être utile aux archéologues, aux historiens ou aux amateurs amoureux du patrimoine de leur pays, car il permet d’interpréter les aménagements apportés à la nature et rencontrés sur ce parcours, de rechercher plus précisément certains ouvrages plus ou moins disparus (ponts, villae, relais routiers). On s’interroge par l’exemple sur l’existence d’une mutatio à Naucadery qui se situe justement à mi-chemin (environ 10 milles) d’Homps et de Pennautier.

6 – Les voies romaines et le dogme de la géométrie.

Les Romains ont porté au plus haut niveau l’application des principes de la géométrie euclidienne à la réalisation de leurs cadastres et de leurs voies. Il n’y aurait rien d’étonnant lorsque l’on sait aujourd’hui qu’il ne peut y avoir de carte, cette image rigoureuse du monde, sans levers géodésiques préalables. Ainsi, le seul moyen pour eux d’assurer cette exactitude et de maintenir une continuité était d’établir un canevas par visées successives le long du futur tracé, cette ébauche de la grille cadastrale qui servira de trame au futur parcellaire. La géométrie, cette science grecque, seule voie pour parvenir à cette conformité devenait un dogme, la rectitude de leurs voies ou de leurs lignes (limites) conduisait à l’obsession. Cette linéarité ne se fera jamais contre nature, mais toujours en fonction des contraintes naturelles et au prix d’aménagements et de rectifications du terrain qui surmonteront les éventuels obstacles rencontrés. Cette linéarité est cependant une contrainte qui n’offre pas toujours la solution la plus commode. C’est pourquoi certains tronçons ont été abandonnés à l’usage afin d’adopter un cheminement bien plus pratique, mais plus tortueux. C’est une chance pour l’archéo géographe, car ces chaussées seront généralement dans un meilleur état de conservation. On comprendra peut être mieux les perspectives offertes par la méthode proposée39. Celle-ci sera probablement jugée rigide car trop mathématique par certains ou trop géographique par d’autres. La géométrie pratique et l’arpentage l’exigent, c’est ainsi. Il est vrai qu’elle éloigne des rêves ou parfois des élucubrations qui sont avancées sous prétexte de pseudo hypothèses scientifiques. Nous disposons maintenant d’une méthode prédictive pour découvrir de  nouvelles voies romaines ou pour dresser une cartographie précise de leurs tracés. Une carte qui a existé comme probablement celle présentée par Agrippa au peuple romain sous le portique de Rome, une carte qui se voulait être une œuvre pédagogique et idéologique à la gloire de l’Empire.

Lionel R. Decramer
Toulouse Février 2013


1 Avertissement. Cet article a été initialement publié dans la revue Archéologie en Hérault Languedoc dans son numéro  2009/ 2010 N°1. Son comité de rédaction ainsi que le président de l’association H3A (Hérault Associations Archéologiques et Archéologues) ont bien voulu nous autoriser à lui assurer une diffusion plus large sur notre site Internet http://www.archeo-rome.com/. Nous les en remercions.

2 Chevallier 1983. Chevallier R. La romanisation de la Celtique du Pô. Paris - Rome, 1983. Brizzi G., 1979. Problemi cisalpini e politica mediterranea nell’azione di Emilio Lepido. La creazione della via Emilia, - SR XXX, 1979, p. 381. Tous les cadastres romains sont construits sur 2 axes orthogonaux, le kardo maximus et le decumanus maximus parfaitement orientés dans l’espace.

3 Decramer et alii 2002. Decramer LR, Elhaj R, Hilton R, Plas A. Approche géométrique des cadastres romains. Les nouvelles bornes du Bled Segui. Histoire & mesure, 2002, XVII -1/2, 109 -162. Ratio ou ratio mundi (rapport au monde), c’est l’angle que fait le kardo avec le Nord, l’axe du monde. Les seuls angles autorisés par l’équerre du géomètre sont des fractions simples de 5.

4 On appliquera la loi des tangentes si on préfère travailler avec les ratios : tg (a+b) = tg a+tg b / (1- tg a*tg b). Ici 3/5+ 1/1 / (1-3/5*1/1) = 4, soit arctg 4 = 76°.

5 Decramer, Hilton 1998. Decramer LR, R. Hilton. Nouvelles recherches sur la grande centuriation de l’Africa Nova. Cahiers de Métrologie, t. 16, 1998, p. 5-50. Voir aussi Contribution des techniques spatiales à l’archéométrie. La grande centuriation tunisienne, http://www.archeo-rome.com/

6 http://voies.archeo-rome.com/voies01.html. La voie romaine d'Asprenas et la grande centuriation de Tunisie.

7 Decramer 2002. Decramer L. La grande centuriation tunisienne et la voie d’Asprenas. Pour une chronologie des cadastres, routes et limites antiques. Société Nationale des Antiquaires de France, oct. 2002, p.287- 310

8 Azimut du décumanus 144,5° (54,5° + 90°) – 14,0° (arctg ¼) = 130,5°.

9 Piganiol 1962. Piganiol A. Les documents cadastraux de la colonie romaine d’Orange. 1962, XVIe suppl. à Gallia.

10 Decramer Lapierre 2005. Decramer L, Lapierre L. La centuriation de la colonie romaine de Nîmes, d’après le plan cadastral retrouvé à Orange. Archéologie en Languedoc, n°29, 2005. Le lecteur pourra y trouver tous les justificatifs.

11 Ck2- sd8 : citra kardinem 2 (2e centurie en deçà du cardo) - sinistra decumani 8 (8e c. à gauche du décumanus).

12 Ces notions de  “géodésie géométrique” ne sont pas compliquées, il importe de les comprendre pour aborder sainement les questions de cadastre et de voie romaines.

13 Carte archéologique de la Gaule. Narbonne et le Narbonnais 11/1, 2002. M. Guy, ch. VIII.  Routes et organisation du territoire, p. 94 .

14 Griffe 1938. Griffe E. Les voies romaines du pays narbonnais. Annales du midi, 1938, p. 337- 376.

15 Euzet J. 1968. Le problème d’Hosuerbas (sur la voie d’Aquitaine). 1968. Bull. du Comité Archéologique de Narbonne, t.30, p. 77.

16 Aymé 2002. Aymé R. Tracé de voie antique sur les communes de Conilhac - Corbières, Fontcouverte et Moux (Aude). BSESA, t. CII, p.38.

17 Voir aussi  http://voies.archeo-rome.com/voies04.html, La voie impériale de Narbonne à Carcassonne. Etude géotopographique et archéologique

18 Decramer 2007. Decramer L. La via Aquitania, entre Méditerranée et atlantique. L’Archéologue, déc. 2007, n°93, p. 18-22.

19 Cet axe entre Narbonne et Toulouse emprunte les larges vallées en passant par le seuil de Moux puis de Naurouze. Il est tellement naturel qu’il a été repris pour la construction des routes royales, nationales, autoroutes, voie de chemin de fer, canal du Midi, etc.

20 Decramer, Lapierre, 2010. Decramer L.R., Lapierre L. Nouvelles perspectives sur les cadastres et les voies romaines. Proposition d’une méthodologie de recherche. Revue Française de Photogrammétrie et de Télédétection, en cours de parution.

21 Chevallier 1997. Chevallier R. Les voies romaines. Picard, 1997, p. 97- 167.

22 Un minimum de connaissances géologiques est nécessaire afin de distinguer la roche du sol naturel de celle ramenée par l’homme d’une carrière voisine.

23 Perez 1995. Perez A. Les cadastres antiques en Narbonnaise occidentale, RAN suppl. n° 29, tableau p. 188 -189. Chouquer G, Favory F. 1992. Les arpenteurs romains. Théorie et pratique, p. 133 - 134. Il n’est pas certain que tous ces réseaux aient une existence réelle.

24 On lit : K I C  IX  K(arcasso) I(ulia) C(olonia) 9 mille. Il est impossible de lire XXIX comme le propose la CAG 11/2.

25 Présentation de V. Canut de l’I NRAP à Capendu le 26 nov. 2009.

26 Présentation des résultats des sondages préventifs de l’INRAP faite par V. Canut le 26 nov. 2009 à Capendu.

27 L’empierrement du substratum était aussi dévoilé dans les tranchées voisines.

28 Griffe, 1974. Griffe E. Les Anciens pays de l’Aude dans l’Antiquité et au Moyen-Âge. 1974, ch. II les routes, p. 31. Nos travaux sur cet voie d’Aquitaine avaient été présentés à leurs auteurs. Ils n’ont pas su ou voulu savoir l’intérêt d’une méthode jugée par eux trop mathématique et géographique.

29 Griffe 1941. Griffe E. La razzia sarrasine de 793 en Septimanie, Annales du Midi, 1941, p. 226 – 236.

30 Carte Archéologique de la Gaule, 11-2, 2009. Les routes, p. 66- 84.

31 Divagations lorsqu’on tente de rechercher des correspondances entre des milliaires hypothétiques et des “points singuliers” sur un tracé imaginaire. Divagations lorsqu’on présente des tracés si sinueux sans aucune recherche archéologique pour le valider.

32 Le tracé hypothétique établi d’abord sur la carte est validé ou non sur le terrain. Le cheminement est exploré hectomètre après hectomètre et les vestiges de la chaussée sont enregistrés au GPS. Afin ne pas saturer les graphes, seuls quelques points apparaissent sur les cartes ou les images.

33 Le pont de Lastours est signalé par E. Griffe non loin de l’ancienne chapelle de Ste Marie-Madeleine (ibid. Les routes anciennes, p. 35). A notre avis, qui est différent de celui de l’auteur de la CAG (11/2, p. 76), la traversée originelle se faisait au point 43,261151°- 2,63329°, où il subsiste encore au milieu du cours d’eau un bloc de pierre bien taillé.

34 Ce tracé est si précis qu’il est possible d’attribuer au génie civil romain les aménagements et les adaptations rencontrés en “pleine nature ”,  tels que les vestiges de chemin creux, de rampes, de passages frayés dans le roc ou de traversées des cours d’eau, etc.

35 Griffe E, 1941. La razzia sarrasine de 793 en Septimanie. Annales du Midi, 1941, p. 229

36 Griffe, 1974. Ibid. Les routes anciennes, p. 36 et 37.  Il précise selon le Cartulaire des Templiers de Douzens qu’il s’agit de terres cédées dans le terroir de Villalier “ad pontem fluminis qui vocatur Olvei ”. Le chemin, aujourd’hui envahi de broussailles quasi impénétrables, suit toujours strictement cette ligne décumane. La voie traversait en droite ligne l’étroite vallée de l’Orbiel grimpait en face le coteau au nord de La Mée pour redescendre vers la Clamoux qu’elle franchissait près de la croix Bartès.

37 Position : 43,24347° ; 2,42163°. Malgré des recherches intensives le long de ses berges, on ne trouve nulle trace d’un appareillage de pont, sans doute réemployé dans les belles pierres du conduit forcé du moulin.

38 Cette trouée sur la crête est singulière (E 2,34662°). Sa présence ne s’explique que par le passage de l’ancienne route romaine dont on retrouve les bordures dans le bosquet. Elle n’est maintenant plus qu’un profond talweg.

39 Decramer, Lapierre, 2010. Decramer L.R., Lapierre L. Nouvelles perspectives sur les cadastres et les voies romaines. Proposition d’une méthodologie de recherche. Revue Française de Photogrammétrie et de Télédétection, en cours de parution.