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2.0 Les règles de construction d’un cadastre Comment les Romains construisaient un cadastre ? Le principe en est simple. En un point d’origine (0) appelé locus gromae , c’est à dire le lieu initial où les géomètres ont implanté leur instrument de visée la groma , on définit deux axes cardinaux principaux : le kardo maximus et le decumanus maximus . Cette origine et ces axes sont généralement matérialisés par deux voies orthogonales de largeurs différentes, l’une de quarante pieds, l’autre de vingt pieds (fig. 1). A partir de ce point initial les géomètres, au moyen de jalons alignés par la groma et de chaînage avec des perches, arpentent le terrain et délimitent des parcelles carrées de cinq centuries (quintarius) par des bornes. Dans certains cas (Chouquer G, Favory F. 1992. Les arpenteurs romains. Théorie et pratique, p. 77-127. Ed.Errance), sur ces bornes sont gravées ses distances par rapport aux deux axes cardinaux. Ces deux axes divisent l’espace géographique en quatre quadrants, on les distingue par leurs initiales, à savoir :
Le choix de l’origine n’est évidemment pas quelconque, ni l’orientation des axes. Le locus gromae est pris de préférence en un point stratégique, par exemple le centre de la colonie, de la cité ou en un point imposé impérativement par la configuration du terrain. Ce choix doit recevoir l’aval des autorités politiques et/ou religieuses, on dit alors qu’on a “ consulté les augures ”. L’orientation est retenue selon certains critères, différents d’un cadastre à un autre (Guy M. 1993. Les orientations des parcellaires quadrillés. Revue Archéologique de Narbonnaise, 26, p. 57-68.). A titre d’exemple, le cadastre de la colonia juniona à Carthage est orienté à ~30° (E-N-E) et on relie cette direction au lever du soleil au solstice d’été l’année de sa création. Le choix est judicieux puisque le soleil est une référence astronomique unique, facilement abordable avec un cadran solaire et accessible en tout point de la région qu’on doit arpenter. Schéma de principe du cadastre romain. En général, l’étude des cadastres antiques se heurte au problème suivant.
On ne retrouve plus sur le terrain ces bornes écrites ou alors les rares
spécimens découverts ne sont plus à leur emplacement d’origine. On arrive
cependant à reconstituer l’ancien carroyage par l’observation d’alignements
de champs ou de voies qui présentent une orthogonalité et une certaine
récurrence de longueur. La méthode est maintenant bien connue (Dilke O.
1971. Les arpenteurs de la Rome antique. Ed. française 1995, APDCA). Les
études se font sur la base d’inspection du terrain, de cartes, de photos
aériennes ou satellitaires (Delézir J, Guy M. 1993. Apport du traitement
numérique et des images satellitaires à la connaissance des parcellaires
antiques. RAN, 26, p. 69-85). On relève donc un certain quadrillage, mais
il est difficile a priori de définir laquelle de ces lignes représente
le kardo maximus. Quant à l’orientation, elle reste arbitraire, les textes
des gromatici n’étant pas toujours très clairs
sur ce point. Dans notre cas le problème ne se
pose pas, car cette centuriation est exceptionnelle par le nombre de bornes
gromatiques retrouvées et par la qualité des informations gravées dans
la pierre qu’elles nous apportent. |
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