13.0 Perspectives et conclusions
Ces grands travaux d'aménagement réalisés par les Romains en Africa Nova semblent intimement
liés à l'œuvre de ses géodésiens. C'est donc par une vision globale du pays que l'étude de cette
centuriation pourra progresser, et dans ce cas l'imagerie spatiale devrait être d'un apport capital. Le
traitement des images Spot est maintenant bien maîtrisé (Delézir J., Guy M, 1993, RAN) pour mettre
en évidence des corrélations entre cet immense carroyage et les structures du réseau routier ou de
parcellaires.
Le paradoxe souligné par A. Pigagniol (Atlas des Centuriation romaines en Tunisie. 1959. IGN.
Préface) d'une limitation qui s'est poursuivie sur un si grand espace et sur une si longue période et
" qui a laissé sur le sol l'empreinte la plus légère " n'est qu'apparent. Cette empreinte était
recherchée selon une structure liée aux axes cardinaux, ce qui n'est pas le cas. Ces traces existent,
elles doivent être observées à travers une optique différente, celle d'une grille losangique. Le travail
d'analyse, suite à ces redécouvertes, n'est qu'ébauché et la méthode de diagonalisation préconisée
n'est qu'un des éléments de ce grand puzzle. La recherche de bornes inédites plus septentrionales
devrait donc se poursuivre afin de mieux circonscrire l'origine de cette centuriation et d'en
comprendre ainsi ses fondements.
S'il existe un paradoxe, il en est un du moins apparent, c'est celui qui associe les techniques les plus
modernes à la reconstitution d'un instrument antique en partie perdu. Les satellites sont de nos jours
incontournables en géodésie comme en cartographie, maintenant ils contribuent à mieux comprendre
ce monument cartographique, preuve du génie romain, que ces géodésiens cartographes de
l'Antiquité nous ont légué.