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Voies et cadastres romains : une harmonie géométrique universelle.
 
La voie d'Aquitaine et les centuriations de la Narbonnaise occidentale

Par L.R. Decramer  


"Si tu veux connaître un pays, tu dois d'abord le mesurer" ; disait le géographe. C'est ainsi que fut présentée à Louis XIV en 1682 la " Carte de France corrigée sur les Observations de Messieurs de l'Académie". Cette carte rétrécissait notablement les dimensions du royaume, ce qui fit dire au roi qu'"... avec leurs chers travaux, ces Messieurs m'ont coûté une partie de mon royaume ". Cette carte modifiait essentiellement le profil des côtes et il fallut attendre les travaux de la longue lignée des Cassini pour arriver à une représentation de la France qui nous soit plus familière.

Qu'en était-il alors dans l'Antiquité ? Comment les Romains se représentaient-ils le monde ? Aucune carte de leur immense empire ne nous est parvenue. La grande mappemonde d'Agrippa gravée sur marbre exposée sous le portique de Rome a disparu, elle n'est connue que par quelques textes. De cet héritage une seule carte, gravée aussi sur marbre, a été retrouvée en fragments sous les vestiges d'Orange. Ces " trois plans cadastraux " ont été restaurés en partie[1] et leur implantation restituée finalement sur le terrain[2]. Ils représentent à l'échelle la vallée du Rhône depuis Montélimar jusqu'en Arles et de Carpentras jusqu'à Nîmes. Ce monument géographique unique, exceptionnel, mérite d'être mieux reconnu. Plus connue est la Table de Peutinger. Elle n'est pas à proprement parlé une carte, plutôt un plan présentant schématiquement les grandes voies romaines : un "itinéraire peint" daté du IVe siècle sur lequel figurent les villes et leurs distances (comprenant parfois des erreurs), où les côtes de l'Empire sont déformées à l'extrême. D'où l'opinion assez générale : les Romains étaient de piètres géographes, ils n'avaient pas su tirer parti de l'héritage des sciences grecques. Ce qui, à notre point de vue, est totalement erroné. Il n'en reste pas moins vrai que cette Table reste un document géographique inestimable.

Dresser une carte ou bien implanter un cadastre nécessite des levers sur le terrain. Or, on ne sait de nos jours que bien peu de choses sur la profession des géomètres - géodésistes romains. Comment opéraient-ils ? Les principes généraux sont connus dans ses grandes lignes grâce au corpus gromatique[3]. Ses textes d'arpentage et de droit agraire compilés au bas Empire sont nombreux, partiels et souvent abscons, ils ont été l'objet d'un travail important de traduction,d'interprétations et de discussions passionnées. Il manque cependant à côté du latiniste la vision scientifique, scientifique dans le sens géométrique et technique à la fois, qui puisse valider ces interprétations. En somme, l'absence d'un travail transdisciplinaire. Aussi est-il recommandé d'aborder ces sciences géographiques avec une bonne connaissance des sciences exactes dans l'Antiquité[4].


Les principes d'arpentage

Avant d'implanter un cadastre sur le terrain et d'en tirer naturellement une carte, les arpenteurs romains choisissaient d'abord un grand axe, le decumanus maximus parfaitement orienté par rapport au soleil, puis toujours en ce point d'origine un second axe majeur, le kardo maximus, orthogonal au premier. Ils mesuraient ensuite au sol, avec une perche ou un cordeau une distance donnée la base, puis traçaient régulièrement des lignes parallèles aux deux axes principaux pour former sur le terrain un quadrillage régulier dont le côté était généralement d'une centurie (20 actus ~707 m). C'est pourquoi, on parle aussi de centuriation pour un cadastre romain. Parfois, ces arpenteurs plaçaient aux nœuds de leur quadrillage des bornes de limitation sur lesquelles étaient inscrites leurs coordonnées (fig. 1). C'est ainsi que nous avons trouvé ou retrouvé une trentaine de bornes gromatiques dans le Sud tunisien[5].


La grande centuriation tunisienne, un cas d'école exemplaire

Cette centuriation d'une étendue considérable (200 x 120 km²) couvre tout le Centre et le Sud-est de l'ancienne Africa Nova. Ce lever de carte (la forma), comparable à une carte d'état-major, a été dressée par les militaires de la 3e légion Auguste afin de tracer les frontières du pays, de distribuer les terres agricoles et de construire de grandes voies. On a pu, à partir de la localisation au GPS de ces bornes, établir le modèle géométrique initial et tracer son canevas sur le terrain, ce qui facilite les choses pour découvrir de nouvelles bornes. Cette méthode appliquée à d'autres cadastres romains nous a permis de reconstituer ses principes fondamentaux[6].

Ratio
(tg a)
0 1/10 1/5 3/10 2/5 5/10 5/9 3/5 5/8 5/7 4/5 5/6 10/10
Angle
a (°)
0,00 5,71 11,31 16,70 21,80 26,57 29,05 30,96 32,01 35,54 38,66 39,81 45,00

L'orientation des axes principaux n'est pas quelconque. Elle est définie par rapport au méridien selon des ratios précis exacts (ratio mundi ou rapport au monde) déterminés par une équerre. Ainsi tous les cadastres sont orientés selon les angles ci-dessous. La ratio de la centuriation tunisienne est 5/7 (35,54°). Ces valeurs 5 et 7 sont de plus inscrites dans les coordonnées de la borne (par ex.: 91 = 7*13 ; 235 = 5*47, fig. 1). La ligne décumane DD 65 (65 centuries à Droite du Décumanus), longue de 215 km a été mise clairement en évidence. Elle est toujours jalonnée par 7 bornes selon un azimut mesuré de 144,5°. Elle a servi sous Nerva Trajan, de frontière entre les territoires des Nybgenii à l'ouest et des Tacapitani à l'est.

Deplus, nous avons suivi et arpenté la voie militaire construite en 14-15 après J.-C par L. Nonius Asprenas. Elle commence à Ammaedara (Haïdra), le camp de la légion pour aboutir au port de Tacape (Gabès).

Fig. 1 Borne de centuriation B20. On lit DDLXXXI et VKCCXXXV
Fig. 1 Borne de centuriation B20. On lit DDLXXXI et VKCCXXXV.


Longue de 295 km, elle est encore jalonnée de nombreux milliaires[7]. Son tracé est directement lié aux levers des géomètres. On note par exemple la présence de borne gromatique au milieu d'un nid de milliaires, tandis que d'autres portent un decussis, le signe des arpenteurs[8]. Son tracé entre le mille 143 et le mille 148 est strictement parallèle au décumanus 65[9] (fig. 2), dans d'autres cas il rentre dans un rapport simple dans la grille cadastrale, ¼ par exemple dans le Bled Segui. Ces liens géométriques entre voie et cadastre ont déjà été remarqués par de nombreux auteurs[10]. Ces relations étroites posent la question de l'antériorité qui a entraîné des controverses[11]  Qui du cadastre ou de la voie sert de support à l'autre ? Ici, la réponse est évidente.

La voie est construire dans la trame de la centuriation, le géomètre passe toujours avant le terrassier[12]. Les premiers levers géodésiques sont réalisés en vue de construire cette voie, ils forment l'ossature de la centuriation autour de ce futur tracé.

C'est à la suite de ces constats que l'on a examiné cette problématique pour la voie d'Aquitaine et ses cadastres associés en Narbonnaise occidentale.


Fig.2. La voie d'Asprenas et la grande centuriation. La voie est décumane entre le mille 143 et 148.


Les centuriations de Narbonnaise occidentale en rapport avec la via Aquitania

Le tracé de la via Aquitania entre Narbonne et Toulouse est aujourd'hui assez bien définie[13]. Son parcourt est fixé par les Itinéraires antiques : Table de Peutinger et Itinéraire hiérosolomytain, les stations et les milliaires la jalonnant ainsi que les travaux archéologiques. On recherchera donc dans quelles trames cadastrales cette voie impériale pourrait s'appuyer. Par commodité, on commencera par la cité de Toulouse.


Le cadastre urbain de Toulouse

Il s'établit autour du kardo maximus qui part de la porte nord ou Porterie (place du Capitole) jusqu'à la Porte Narbonnaise (Palais de justice) en empruntant une succession de rues : Saint-Rome, des Changes et des Filatiers (fig. 3), et du decumanus maximus qui partait de l'ancienne porte Saint- Etienne pour joindre le port de la Daurade.

Fig. 3.	Plan cadastral de Toulouse (L. Lapierre)
Fig. 3. Plan cadastral de Toulouse (L. Lapierre)


Le cardo est orienté selon un ratio 1/10 (-5,71°), azimut équivalent à celui du cadastres B d'Orange. L'origine des axes se situe à l'angle sud-ouest du forum, actuellement place de la Trinité[14]. C'est le point de départ de la voie d'Aquitaine, la borne 0 ou caput viae. Le decumanus maximus a laissé peu de trace dans la voirie actuelle, il est quasi-parallèle à la rue de Metz et se présente face à l'antique théâtre [15] (près place du Pont-neuf).

Ainsi un quadrillage basé sur l'actus et ses sous-multiples semble se présenter dans le plan (fig. 4). La distance entre la porte Nord et la Porte Narbonnaise est de 33 actus. A l'ouest, le port de la Daurade est à environ 10 actus et la porte Saint-Étienne à 16[16].

Ces axes principaux ont souvent été présentés en forme de baïonnette[17] afin de s'adapter aux apparences. Il n'en n'est rien, les géomètres tracent des alignements. Ainsi, l'emplacement de la Porte Narbonnaise enfouillie sous le Palais de justice est-il resté incertain. Un des piliers a été retrouvé lors des dernières fouilles de sauvetage (2006). Selon l'orientation stricte du cardo, celui–ci passe ainsi que la voie d'Aquitaine à l'est de ce pilier (fig. 5) près de la tour de l'Aigle, et non pas du côté opposé comme il est présumé dans les conclusions provisoires de l'INRAP[18].

Ainsi la voie d'Aquitaine emprunte le kardo maximus dans la cité, schéma classique pour un camp ouvert sur quatre portes. Ensuite, elle s'enfile dans la rue A. Viadieu jusqu'à Saint-Roch[19] selon un azimut de ~182°, en rapport direct avec la centuriation de la civitas Tolosa.


La centuriation de Toulouse.

Un "imbroglio cadastral", c'est ainsi que R. Sablayrolles[20] intitule son chapitre sur "les limites de la cité de Toulouse". Nous tenterons donc parmi ces différentes cadastrations existantes ou supposées de montrer qu'il en existe une en relation directe avec la voie d'Aquitaine. Son orientation ne s'éloigne guère des 30°/est suggérés par divers auteurs[21]. Son ratio est de 5/9 (29,05°) selon un module de 707 m environ.

La voie d'Aquitaine, rue A. Viadeu, est dans un rapport simple 2/1 dans la centuriation[22] et la voie des crêtes (allée des Demoiselles, av. Saint-Exupéry) est un cardo (Az = 29,0°). Le tracé des rues dans ce quartier en conserve encore la trame (fig. 6).


Fig. 4. Tolosa et son plan cadastral (photo Google)
Fig. 4. Tolosa et son plan cadastral (photo Google)


Fig. 5.	Emplacement de la Porte Narbonnaise (Google). En noir, le tracé de la voie d'Aquitaine.
Fig. 5. Emplacement de la Porte Narbonnaise (Google). En noir, le tracé de la voie d'Aquitaine.


L'orientation du décumanus semble dictée par l'orographie (fig. 7). Il reprend la direction générale des différents cours d'eau (Hers, Marcaissonne, Saune, Seillonne), de la même manière que le cardo de la cité est quasi-parallèle au fleuve (fig.4).


Fig.6. Quartier	Saint-Exupéry et trame cadastrale.
Fig.6. Quartier Saint-Exupéry et trame cadastrale.


Fig.7. Centuriation, secteur est de Toulouse.
Fig.7. Centuriation, secteur est de Toulouse.


On retrouve certaines limites cadastrales dans le parcellaire et les anciens chemins, par exemple près d'Ayguesvives (fig. 8). La D16 en direction de Gardouch suit des décumanes, ce qui semble un indice d'ancienneté. La D2 (voie des crêtes) est une succession de lignes droites, près d'Odars elle rentre dans un rapport 2/5 (fig.9).

Si les voies et le cadastre entretiennent des rapports simples, on aurait ainsi à notre disposition un outil de recherche efficace pour retrouver le tracé de voies disparues. En effet, une voie consularis étant une succession de lignes droites, on peut estimer son rapport simple dans la trame d'orientation déterminée, donc l'azimut précis de ce segment de voie.


Fig. 8. Ayguesvives. La départementale D 16 vers Gardouch reprend des décumanes.
Fig. 8. Ayguesvives. La départementale D 16 vers Gardouch reprend des décumanes.


Fig. 9. La voie des crêtes (D2) à Odars. A noter le rapport 2/5 dans le quadrillage.
Fig. 9. La voie des crêtes (D2) à Odars. A noter le rapport 2/5 dans le quadrillage.


Il suffit alors d'une boussole ou mieux d'un GPS pour aller prospecter dans la direction ainsi définie. C'est ainsi que nous avons opéré, non pas à l'aveuglette, mais de façon déterministe pour prospecter cette voie d'Aquitaine (fig. 10).


La voie d'Aquitaine

Son tracé à petite échelle est globalement connu[23], il a été précisé depuis par l'identification de stations qui jalonnaient son parcours[24]. Nous l'avons examiné minutieusement sur son aspect géotopographique[25] pour le rendre compatible avec les itinéraires antiques, la localisation de ses milliaires et les traces reconnues de sa chaussée. Il restait à préciser dans la mesure du possible son cheminement exact et son implantation dans la grille cadastrale.


Fig.10. La voie	d'Aquitaine près de Villenouvelle. La voie prend ici une succession de décumanes.
Fig.10. La voie d'Aquitaine près de Villenouvelle. La voie prend ici une succession de décumanes.


Le tracé d'une voie romaine répond à des critères géotopographiques bien précis[26], à savoir continuité, évitement d'obstacles naturels, tracés rectilignes, travaux de nivellement et d'empierrement. La via publica est tracée par le géomètre dans la trame de la centuriation. D'où le caractère parfaitement rectiligne, une succession de segments de droite qui permettent de différencier cette "autoroute" de tous autres chemins gallo-romains sinueux préexistants ou plus tardifs. Les constructeurs romains évitaient au mieux les obstacles naturels : passage des monts par les cols les plus aisés, traversée des cours d'eau au plus commode pour s'affranchir de la multiplication des ouvrages d'art, contournement des zones marécageuses. C'est pourquoi la chaussée est souvent construite au pied des coteaux (fig. 11) ou en crête, elle est très rarement en creux.


Méthodologie

On commence par superposer la grille cadastrale sur les photos aériennes ou satellitaires, ensuite on recherche en fonction de traces avérées, repérées par télédétection ou hypothétiques, à déterminer les coordonnées géo ou l'azimut de la voie compte tenu d'un ratio simple (fig. 12).


Fig. 11. La voie romaine à Deyme
Fig. 11. La voie romaine à Deyme


Fig. 12. Principe géométrique.
Fig. 12. Principe géométrique.


Il suffit d'ajouter algébriquement les angles pour l'azimut : orientation de la centuriation 30,96° (ratio 3/5) et rapport simple (2/1) de la voie dans grille 63,43° (arctg (2/1)) par exemple dans ce schéma[27]. Cependant il faut rester extrêmement prudent sur cette méthode : il y a souvent plusieurs combinaisons de rapports qui donnent un angle proche de l'orientation donnée.


Recherches et prospection

Comment était construite la voie et quels indices devrions nous déceler sur le terrain ?

D'une façon générale, les alignements et les jalons une fois placés sur le terrain par les géomètres, le terrain devait être nettoyé, aplani puis décaissé. On a remarqué que les travaux de terrassement étaient minimisés : pas de talus ou de tranchée, la voie épouse les lignes du terrain. Le hérisson est formé de blocs de pierre souvent placés sur chant et provenant d'une carrière voisine, Par-dessus, une ou deux couches de graviers plus ou moins grossier et une bande de roulement en gravette. Les bas côtés sont renforcés par de gros blocs et complétés par les fossés (fig. 13). Au cours du temps, la chaussée est restaurée d'où apports de matériaux divers en particulier des débris de tuiles ou de briques romaines.


Fig. 13. Coupe de la voie romaine (croquis R.H.)
 
Fig. 13. Coupe de la voie romaine
Fig. 13. Coupe de la voie romaine (croquis R.H.)

Sur le terrain, l'empierrement et les surcharges de réfection, ces éléments anthropiques rapportés par l'homme sont des indices précieux : pierres, galets, tuileaux, débris de céramique ou d'amphore, (fig. 14), monnaies, objets, etc. Ceux-ci sont parfois mis au jour lors des labours profonds dans les champs ou les vignes (fig. 15). Leur dispersion sur une bande aussi large que la voie (environ 5 pas, de 7 à 8 m) et une certaine continuité sont un critère objectif qui élimine les traces d'habitats isolés. L'observation d'une coupe naturelle dans un talweg ou occasionnée par des travaux ainsi que les vestiges d'un ouvrage d'art est déterminante. Les informations pertinentes recueillies auprès des viticulteurs ou des agriculteurs sont souvent essentielles, ils ont la connaissance approfondie de leur territoire.


Fig. 14. Vestiges trouvés sur la voie.
Fig. 14. Vestiges trouvés sur la voie.


Fig. 15. Empierrement caractéristique dans une vigne
Fig. 15. Empierrement caractéristique dans une vigne


La meilleure période pour la prospection se situe après les labours lorsque le terrain est mis à nu et que l'empierrement ou les vestiges paraissent en surface. Cependant il faut rester très, très circonspect et différencier la pierre de carrière exogène des cailloux naturels ; un minimum de connaissance en géologie est indispensable. La continuité des indices successifs relevés strictement sur l'axe de la voie (l'azimut relevé) constitue un ensemble de preuves déterminant. Le relevé d'une coupe dans un fossé ou des vestiges d'un pont ou d'un gué dans un ruisseau ou un talweg constitue une preuve archéologique décisive.

Chaque relevé doit être soumis à contre preuve : présence d'indices ici sur l'axe, absence en dehors, continuité sur cette ligne ce qui évite d'emprunter éventuellement une autre limite ancienne, pierres ou cailloutis strictement exogènes et autres apports anthropiques non isolés ce qui évite les habitats. Les gros blocs du radier mis au jour par la charrue sont souvent caractéristiques ; cet épierrement est parfois déporté en bordure de parcelle. L'esprit critique doit toujours rester en éveil en prospection.


Fig.17. La traversée de la vallée de l'Hers. (VR vestiges relevés sur le tracé).<
Fig.17. La traversée de la vallée de l'Hers. (VR vestiges relevés sur le tracé).


La voie romaine de Toulouse à Castelnaudary

Secteur Tolosa-Badera.

La voie a été reconnue dés la sortie de la cité en plusieurs points : rue Viadieu, Ramonville, Deyme et Baziège[28]. La voie emprunte le pied des coteaux, hors zone marécageuse de la vallée de l'Hers. Elle est bien visible à Deyme (10e mille), parallèle à la D 813 (ex N 113) (fig. 11 et 16).

Après avoir suivi le pied des coteaux occidentaux de la vallée de l'Hers, la voie la traverse au plus étroit près d'Ayguevives afin de rejoindre l'autre rive. C'est dans cette paroisse que se trouve encore le milliaire XIV[29], distance qui la situe effectivement dans cette commune, non loin du "pont de la pierre" (fig. 17). Le milliaire XV, sauvegardé aujourd'hui dans l'église de Baziège, devait se trouver lui, à l'entrée de la station de Badera (fig. 17).


Secteur Badera – Ad Vicesimum


Fig. 16. La voie d'Aquitaine à Deyme.
Fig. 16. La voie d'Aquitaine à Deyme.


De Baziège vers le seuil de Naurouze, la voie romaine prend alors une direction générale O-N-O / E-S-E en empruntant la rive droite de l'Hers. Bien visible sur l'ortho photographie[30], elle se repère facilement dans les champs sur la dernière pente du coteau jusqu'à l'entrée de Villenouvelle (fig. 10 et 18). Son azimut est de 119°, c'est-à-dire exactement selon un décumanus de la centuriation. Fait hautement remarquable qui n'avait pas été signalé, la route emprunte ici une succession de lignes décumanes jusqu'à Castelnaudary. La chaussée s'éloigne quelque peu du tracé de la nationale 113[31] pour rester en permanence sur les pentes des coteaux, assez éloignée de la vallée de l'Hers probablement à l'époque assez boisée ou marécageuse, l'habitat étant généralement situé sur ou au pied des collines.


Fig. 18. Sortie de Baziège (La voie est à gauche)
Fig. 18. Sortie de Baziège (La voie est à gauche)


Puisque la route antique est tracée dans le cadastre (fig. 19), il suffit de suivre sa trame sur les photos satellite ou les cartes pour prospecter le terrain. On suit alors pas à pas la chaussée à 130 m au nord de la N 113 jusqu'à l'entrée de Villenouvelle. C'est probablement ici que devait se trouver le milliaire de Constantin (CIL 301) relevé selon Dumège[32] entre "Baziège et Villenouvelle". Pour franchir le ruisseau de Merdéric, la voie saute sur une autre décumane 140 m plus au nord qu'on retrouve à la sortie est du village en bordure du parc de Sainte Balière. La voie se maintient en droite ligne à la cote 190 m sous le coteau de Montgaillard (fig. 20) où se trouve la borne de Tétricus[33] (fig. 40b).


Fig. 19. Villenouvelle et <I>Ad Vicesimum</I>
Fig. 19. Villenouvelle et Ad Vicesimum


Fig. 20. <I>Ad	Vicesimum</I> au pied de Montgaillard. A noter quelques uns des	points relevés au GPS.
Fig. 20. Ad Vicesimum au pied de Montgaillard. A noter quelques uns des points relevés au GPS.


Fig. 21. Le site probable <I>d'Ad Vicesimum</I>
Fig. 21. Le site probable d'Ad Vicesimum


Près du lieu-dit "En Denys"[34] (fig. 20), on remarque en bordure du chemin montant (qui est un cardo) de nombreux vestiges de tuiles et de briques romaines, de bris de poterie dispersés sur environ 1,5 hectare[35]. Ce groupement d'habitats situé sur la voie à 20 milles exactement de Toulouse milite en faveur de la station d'Ad Vicesimum (fig. 21). Compte tenu de cette localisation au pied de Montgaillard et de l'épigraphie incomplète de sa borne, il est probable que cette dernière devait se situer dans ce relais. Ici, comme pour d'autres stations, le relais à chevaux se trouve sur la voie, tandis que l'habitat principal se trouve sur l'oppidum proche.


Secteur Ad Vicesimum - Elusio

La voie continue sur sa ligne décumane (Az 119°, fig. 20). On notera en particulier une coupe bien nette de la chaussée à "Bergé"[36]. La voie plonge ensuite en droite ligne dans le vallon du ruisseau de Grasse qu'elle franchit par un gué encore aménagé. Elle remonte sur la contre-pente sans emprunter le chemin agricole pour atteindre plus haut un point d'inflexion au niveau d'un autre chemin (cardo de La Berio). Le choix du tracé est très judicieux, lié à la topographie (fig. 22) afin d'éviter les à-pics du Barelles. Il rentre dans un rapport 1/1 dans la grille cadastrale, ce qui lui confère un azimut de 164,1° qu'il suffit de prendre jusqu'au centre de Villefranche-de-Lauragais. La voie devait franchir le ruisseau de Barelles à l'emplacement de la passerelle actuelle en aval du moulin pour rejoindre peu ou prou le centre ville.

Toujours sur cette diagonale parfaite, on retrouve les vestiges de la voie antique au sud de la ville derrière la voie ferrée. Arrivée près du ruisseau du Marès, elle bifurque est-sud-est pour remonter ce vallon jusqu'au seuil de Naurouze selon un nouveau décumanus. Le tracé entièrement géométrique, bien qu'adapté à la topographie est ici trop remarquable pour ne pas être souligné.

Ensuite, la chaussée romaine se situe à quelques mètres au sud de la D6113. Elle évite nettement la colline d'Avignonet-Lauragais où plusieurs coupes apparaissent dans des fossés. (fig. 23)[37].


Fig. 22. Le tracé à Villefranche-de-Lauragais.
Fig. 22. Le tracé à Villefranche-de-Lauragais.


Fig. 23. Coupe avec blocs calcaires et gravier
Fig. 23. Coupe avec blocs calcaires et gravier


On retrouve sa trace dans les jardins au pied du village (fig. 25). Après un crochet pour contourner la colline d'Avignonet où l'on trouve encore quelques indices de son passage. La voie romaine reprend un autre décumanus. La repérer n'a pas été simple d'autant qu'on arrive à la station Elusio au pied de Montferrand et que les travaux du canal et du bassin P. Riquet ont effacé ses traces. Elle s'aligne exactement dans l'axe du seuil de Naurouze qu'elle franchit au sud de l'obélisque P.-P. Riquet, à l'opposé de la nationale. On la retrouve plus facilement sur la rive sud du canal, près de l'écluse Océane (fig. 24)


Fig. 24. Traces de la voie dans un champ labouré.
Fig. 24. Traces de la voie dans un champ labouré.


On remarque dans les labours les blocs calcaires du hérisson et le cailloutis particulier de la bande de roulement ; ces apports anthropiques sont étrangers au contexte géologique (fig. 26). Leur alignement sur une largeur de quelques pas et sur une bande de 4,4 km et d'azimut 119,0° est une preuve formelle (fig. 27).


Fig. 25. La voie romaine à Avignonet-Lauragais.
Fig. 25. La voie romaine à Avignonet-Lauragais.

La voie romaine tirée au cordeau franchit le seuil de Naurouze sans le moindre lacet. Elle passe aux pieds de "las Peyres de Naurouze", monolithes qui devaient être un indicateur remarquable pour le voyageur. On retrouve ses traces près de la ferme du même nom et au seuil même sous forme de tuile, brique et débris de poterie romaines ou de blocs en grès et conglomérat étrangers au contexte géologique (fig. 28).

La station d'Elusio bien répertoriée par les archéologues[38] est légèrement à l'écart de la voie. Il est fort probable qu'il y ait eu au cours du temps une modification du réseau routier local et qu'en fonction de l'insécurité ses habitants se soient retranchés vers l'oppidum de Montferrand.


Fig. 26. Bloc calcaire, <I>tegula</I> et cailloutis dans les marnes.
Fig. 26. Bloc calcaire, tegula et cailloutis dans les marnes.


Fig. 27. Le décumanus d'Elusio.
Fig. 27. Le décumanus d'Elusio.


Il appartient aux archéologues ou aux historiens de nous éclairer sur ce point. Ici le tracé de la voie initiale, réalisée en temps de paix, répond à des critères de géomètre. D'une façon générale, on verra que son parcours a souvent été abandonné et que la N 113 reprend le tracé des routes royales dans son ensemble et non pas la voie antique. On notera (fig. 27) que la voie s'intègre bien dans la grille de la centuriation.

Secteur Elusio - Sostomagus

A partir du seuil de Naurouze, on quitte la vallée du Marés, affluent de l'Hers pour basculer versant méditerranéen dans celle du Fresquel. Cet affluent de l'Aude prend dés son départ du Ségala un cours sinueux et encaissé qui s'éloigne des pentes plus douces empruntées par le canal du Midi (fig. 28). La question de son franchissement se pose donc.


Fig. 28. Carte géologique à Naurouze (InfoTerre). Tracé de la voie d'Aquitaine, le canal et la D6113.
Fig. 28. Carte géologique à Naurouze (InfoTerre). Tracé de la voie d'Aquitaine, le canal et la D6113.


Y avait-il un ouvrage d'art imposant comme le pont actuel de Labastide-d'Anjou ?

Nous avons recherché systématiquement les possibles franchissements. En fait, la voie romaine poursuit droit sur ce décumanus jusqu'au pontet qui franchit le Fresquel à l'Avocat[39]. Elle change de direction selon un azimut de 102,3°[40] environ pour remonter sur le coteau où les traces sont rares (fig. 29) jusqu'à La Remise (vestiges d'habitats, puits). La voie reconnaissable par ses nombreux débris longe la D 6113 jusqu'à Rastel où l'on la retrouve par une coupe caractéristique dans le fossé[41] de la route (fig. 30) près des Pesquiés. Son enfouissement profond, sous près de 0,8 m de limon, explique que son tracé soit peu visible dans les fossés agricoles voisins. C'est à ce niveau que se situerait le mille 34, l'emplacement de Fines selon la Table de Peutinger, la limite des cités de Toulouse et de Carcassonne[42].

Ayant atteint le plateau (207 m), elle prend alors la direction d'un nouveau décumanus (Az 119,0°) et l'on arrive à Couffoulentis (feuille ZL de Castelnaudary) où un site a été repéré par M. Passelac[43] (débris d'amphores ou de céramiques, tegulae, etc., ont été observés en bordure de la voie).

Une incertitude : la localisation de Fines.

Le copiste de la TP a omis d'indiquer la distance de Fines à Eburomagus, ce qui ne permet pas un contrôle des distances. Au mille 19 de Badera (34 de Toulouse) aux Pesquiès, nous n'avons observé rien de remarquable et le site de Couffoulentis se trouve au-delà du mille 35. Il faudrait donc lire XX au lieu de XVIIII sur l'Itinéraire, ce qui semblerait une erreur grossière du copiste. Par contre, à la Remise au mille 18 de Badera, on note la présence d'habitats. Faudrait-il lire XVIII au lieu de XVIIII ? Nous verrons que la localisation de Fines reste toujours problématique.

La voie romaine toujours reconnaissable de façon continue sur son décumanus s'écarte de plus en plus de la D 6113 (fig. 31).


Fig. 29. La voie d'Aquitaine à Labastide-d'Anjou.
Fig. 29. La voie d'Aquitaine à Labastide-d'Anjou.


A noter quelques relevés des vestiges au GPS.


Fig. 30. Coupe de la voie aux Pesquiès. Gros blocs en calcaire et tegulae associées.
Fig. 30. Coupe de la voie aux Pesquiès. Gros blocs en calcaire et tegulae associées.


La volonté du géomètre ou la nécessité de tirer droit conduit la voie à descendre un vallon, puis à le remonter sans la moindre courbe et ainsi à chevaucher toutes les bosses du terrain[44] (fig. 32).


Fig. 31. Le décumanus et la voie à Couffoulentis qui se différencie nettement de la N 113.
Fig. 31. Le décumanus et la voie à Couffoulentis qui se différencie nettement de la N 113.


Fig. 32. Au sud de Couffoulentis, la voie plonge dans un vallon
Fig. 32. Au sud de Couffoulentis, la voie plonge dans un vallon


Elle atteint alors le chemin des Sources bordé d'un vieux puits, celui des Fontanilles (fig. 33), puis rentre enfin dans le faubourg de Castelnaudary où elle se perd dans le bassin du canal (fig. 33). On a remarqué après le stade la présence de tuiles romaines dans des jardins, le quartier devait être occupé. Il est de la compétence des archéologues d'en déchiffrer son histoire. Ici aussi comme à Elusio, il est possible que l'activité de la cité se soit déplacée dans les temps d'insécurité de l'artère commerciale vers l'oppidum. On notera que le plan de la ville haute (le castellum novum) se présente comme un damier inscrit dans le cadastre (fig. 33). Une pièce a ajouté peut-être au dossier complexe de sa stratigraphie archéologique[45]. A. Perez avait déjà remarqué ce lien structurel entre la cité de Castelnaudary et son cadastre[46]. Nous n'ajoutons donc pas une "limitation" supplémentaire au répertoire déjà prolifique des centuriations de Narbonnaise, mais simplement une précision sur son implantation.


Fig. 33. La voie et le carroyage à <I>Sostomagus</I>.
Fig. 33. La voie et le carroyage à Sostomagus.


Le carroyage de la cité et le tracé de la voie romaine jusque dans la ville s'articulent parfaitement dans la centuriation du territoire de Toulouse. La centuriation de la civitas Tolosa s'étendrait donc au-delà de Couffoulentis47. Nous verrons qu'à l'est de Castelnaudary la centuriation n'est plus de même nature et qu'il y a une rupture franche à Sostomagus [48].

Une centuriation de la Narbonnaise occidentale.

G. Chouquer[49] différenciait le réseau de Toulouse et celui de Castelnaudary (32°E) qui allait jusqu'à Bram, tandis qu'A. Perez[50] n'y voyait qu'un seul et même cadastre (21°15'E) lequel s'étendait jusqu'à Narbonne. M. Darbandi[51] avait relevé dans la vallée du Tréboul et du Fresquel une orientation de 21°E. R. Sablayrolles[52] souligne la complexité des propositions et la controverse qui en a suivi. A notre avis, la confusion dans ces réseaux provient du fait qu'il y a un changement à Castelnaudary : un réseau toulousain à l'ouest à 29,0°E (5/9) et un réseau à l'est à 21,8°E (2/5) en accord avec les observations de Darbandi et de Perez. Pour ce faire, nous suivrons le tracé de la voie.


Fig. 34. La voie à Pexiora, le cadastre 2/5 et sa rupture à la sortie sud-est de Sostomagus (en haut).
Fig. 34. La voie à Pexiora, le cadastre 2/5 et sa rupture à la sortie sud-est de Sostomagus (en haut).


La voie d'Aquitaine de Castelnaudary à Carcassonne

A l'ouest de Castelnaudary, la voie qui suivait un décumanus sur plus de 5,0 km se perd dans son bassin. On la retrouve à sa sortie sud-est (fig. 34) dans la vallée du Tréboul, un affluent du Fresquel. Ce parcourt est le plus naturel, il a été repris par la voie de chemin de fer et la D 33.

Secteur Sostomagus – Eburomagus

La télédétection sur les photos aériennes ou satellite fait apparaître un alignement oblique (fig. 34 en bleu) par rapport à la voie ferrée. On pourrait croire qu'il s'agisse de la voie. Il n'en est rien, ce n'est qu'un artéfact. La voie est pourtant reconnaissable sur le terrain en de nombreux points (notés au GPS sur la figure) depuis la zone industrielle au sud de la ville jusqu'au passage à niveau de Griffe, où elle se raccorde à la D33. Son azimut est de 123,5°, elle rentre en diagonale dans un rapport 1/5[53] dans le réseau. Il suffit de suivre cet azimut pour relever pas à pas ses nombreux indices : empierrement exogène, tegulae, briques, etc. En particulier, on note sur son parcourt la présence de puits (La Terrade) et de vestiges d'un pontet à la traversée du Tréboul à en Pouillés (fig. 35) et près du pont de la voie ferrée[54].


Fig. 35. Vestiges de pontet dans le Tréboul
Fig. 35. Vestiges de pontet dans le Tréboul


La chaussée romaine se confond ensuite plus ou moins avec la D 33, nommée ici "ancienne voie romaine". Elle change de direction à Pexiora pour s'aligner sur le décumanus de Bram (Az 111,8°, fig. 36). La voie rectiligne[55] se confond plus ou moins avec la route, en rectifiant si nécessaire les petites courbes existantes (au Hazard, débris de tuiles et cailloutis à une dizaine de mètres au nord de la D 33).

Bram (Eburomagus), site bien étudié et mis en valeur par M. Passelac. La chaussée romaine est visible in situ à l'entrée du musée archéologique[56]. On a noté que les coïncidences entre le parcellaire et le cadastre sont nombreuses. Il n'y a pas de doute sur son orientation (21,8°)[57].

M. Labrousse[58] proposait de déplacer Fines vers Bram. Nous remarquons qu'il y a une rupture entre la centuriation de Toulouse et celle de Carcassonne au sud-est de Sostomagus, césure marquée par des decumani de la voie (fig. 36) d'orientations nettement différentes, mais aussi par les lignes de paysage. On est en droit de s'interroger si cette césure ne marque pas cette limite de territoires et s'il ne faudrait pas rechercher Fines dans cette zone[59].


Fig. 36. Tracé de la voie après la rupture cadastrale au S-E de Castelnaudary. A noter l'artéfact.
Fig. 36. Tracé de la voie après la rupture cadastrale au S-E de Castelnaudary. A noter l'artéfact.


Secteur Eburomagus – Cedros

A la sortie est de Bram, la voie ne reprend plus le décumanus. Elle doit suivre plus ou moins la départementale, ici limite de canton (fig. 37). Peu de traces sont visibles, sauf peut-être dans un fossé quelques blocs en calcaire blanc du ballast romain[60]. La voie est quasi rectiligne en diagonale dans le réseau.

Après un changement de direction pour éviter le pech Maure, la voie ne se confond plus avec la D 33, pour prendre un azimut exact de 81° (diagonale 3/5) jusqu'à Villeséquelande où elle descend la Croix Saint-Roch par une rampe bien caractéristique (fig. 38).


Fig. 37. La voie romaine, sortie Est de Bram
Fig. 37. La voie romaine, sortie Est de Bram


Fig. 38. La voie romaine en direction de Cedros.
Fig. 38. La voie romaine en direction de Cedros.

La mutatio Cedros de l'Itinéraire hiérosolomytain est généralement placée près de Caux[61]. Or Villesèquelande se situe à 6 milles de Bram et Caux où aucun site n'a été repéré, est trop éloigné. On remarque à la sortie du village de nombreux vestiges : empierrement, tegulae, céramique etc. près et de part et d'autre de la voie ferrée[62]. La présence dans un fossé d'un appareillage de pierres bien taillées, ruines probables d'un gué ou d'un pontet (fig. 39).


Fig. 39. <I>Cedros</I> (Villeséquelande) et la voie romaine.
Fig. 39. Cedros (Villeséquelande) et la voie romaine.

Secteur Cedros-Carcasso


A la sortie est de Cedros63, la voie romaine se différencie nettement de la D33 et reprend un decumanus que l'on peut suivre dans les vignes au-delà du canal jusqu'à sa jonction avec la route moderne (fig. 40).


Fig. 40. Coupe de la chaussée près de Caux.
Fig. 40. Coupe de la chaussée près de Caux.


La voie est rectiligne sur près de 3 km selon un décumanus jusqu'à Herminis, où elle bifurque pour traverser le vallon de Sabartèzes. En suivant un azimut de 157° (diagonale 1/1), elle traverse en droite ligne et en biais le vallon, franchissant le ruisseau sur un vieux pont et en remontant le coteau sans le moindre lacet (fig. 42). Ici encore le tracé est typique (fig. 41). La chaussée se remarque dans les champs par son empierrement et ses débris de tuiles romaines. Ses dernières traces se perdent dans le fossé de l'enceinte de l'aérodrome de Salvaza, fossé dans lequel de gros blocs calcaires du hérisson ont été extraits.


Fig. 41. Voie romaine rectiligne à la Salvaza.
Fig. 41. Voie romaine rectiligne à la Salvaza.


Fig. 42. Vallon du Sabartèzes. Le vieux pont se situe derrière la haie.
Fig. 42. Vallon du Sabartèzes. Le vieux pont se situe derrière la haie.


De l'autre côté de l'aérodrome, toujours calé sur le même azimut, on remarque quelques indices de son passage qui disparaissent aujourd'hui dans la nouvelle zone industrielle. Le tracé de la voie romaine dans la ville nouvelle n'est pas reconnu, les sondages archéologiques devraient peut-être un jour le révéler. On a dessiné arbitrairement une ligne jusqu'au Pont Vieux où, non loin de là, elle devait franchir l'Aude. Elle traverse le centre ville de Carcassonne où elle a été repérée dans la rue La Trivalle - Combéléran[64]. On devait atteindre par un diverticule le castellum dans lequel on pénétrait par la Porte Narbonnaise. La dernière borne milliaire de Numerius Numerianus qui se trouvait à 1 mille de la Cité est visible au musée (fig. 43a).


Fig. 43a. Borne de Numérien (musée Carcassonne)
Fig. 43a. Borne de Numérien (musée Carcassonne)


Fig. 43b. Milliaire de Montgaillard. Le X est visible, le second plus incertain.
Fig. 43b. Milliaire de Montgaillard. Le X est visible, le second plus incertain.


Discussion.

Selon le tracé proposé ci-dessous (fig. 45 a et b), la voie atteint la Cité après un parcours de 93,5 km, distance parfaitement compatible avec les 62 milles des Itinéraires[65] (fig. 41) et l'emplacement des stations qui la jalonnaient. Cette voie d'Aquitaine s'articule nettement dans deux grandes centuriations, celle de Toulouse dont l'orientation est en 5/9e (29,0° E) et celle de Carcassonne Ouest orientée en 2/5e (21,8° E). Le raccordement semble se réaliser au niveau de Castelnaudary, où il faudrait placer probablement la limite de ces deux territoires. Son tracé est particulièrement remarquable puisqu'il emprunte dans les deux cas une succession de decumani adaptés à l'orographie. Le système voie - cadastres dans cette partie de la Narbonnaise nous semble particulièrement cohérent, même s'il peut être encore affiné, dans la traversée des agglomérations par exemple.

Nous ne doutons pas que cette avalanche de nouveautés suscitera des interrogations et des critiques, car l'articulation entre réseau et structures est l'objet de bien de discussions, de controverses et de mises en garde[66]. De "quels défauts souffre la recherche sur les limitations antiques en Gaule narbonnaise", s'interrogeait à juste titre F. Favory[67] dont nous partageons pour l'essentiel les critiques, même si pour notre part le concept des limitations romaines relèvent plus d'une volonté d'organisation politique qui se manifeste par le lever d'une "carte d'état major" que de simples "structures d'aménagement agraire"[68].

"Engorgement de réseaux peu acceptable par des gens raisonnables", disait-il. Tout à fait. Nous n'ajoutons pas de nouveaux réseaux, au contraire nous simplifions en en précisant les termes. Problème de datation des structures ? Par un critère morphologique, la longueur du pes[69] ? Une ineptie. Ici, la voie est datée par ses bornes (Auguste) et les premiers travaux commencent par des levers géométriques. Cette ossature (le squelette selon l'expression d'O. Dilke[70]) serait établie autour d'un axe de pénétration. Ce n'est que par la suite, au fur et à mesure des besoins, que les parcellaires agraires sont aménagés. Si tel n'était pas le cas, il n'y aurait aucune cohérence entre des damiers indépendants. Quel sens prend une feuille détaillée au 1/25 000e sans les levers géodésiques préliminaires ? Bien au contraire, seuls des levers géométriques permettent d'assurer ici la cohérence d'ensemble[71], cette harmonie géométrique universelle que les mensores ont héritée des sciences grecques.

"Par la nécessité d'une longue et minutieuse vérification sur le terrain" ? Nous pensons l'avoir démontré par nos prospections, même si certains sites devront être validés par les professionnels. "Une question de méthode" ? C'est la question de fond. Nous l'avons suffisamment explicitée. Elle semble parfois bien trop mathématique pour certains, c'est-à-dire "hermétique" ce qui bride "les spéculations historiques" selon l'auteur[72]. Cette incompréhension est dommageable, car l'on se prive d'un outil de recherche prédictif incomparable qui, semble t-il, a permis de présenter[73] ici quelques nouveautés et peut-être d'apporter des éclaircissements dans l'évaluation de ces limites et de ses perspectives pour lesquelles R. Sablayrolles[74] s'interrogeait avec juste raison.

Nous voulons souligner une fois de plus la parfaite harmonie qui se dégage encore aujourd'hui dans les paysages de l'ancienne Narbonnaise : haies, chemins, fossés, toutes ces limites que les arpenteurs avaient tracées et qui ont perduré. Au milieu de ce canevas géométrique ténu mais bien réel, ils ont tiré de magnifiques lignes droites, souvent dans l'axe principal de leur équerre, afin de construire cette grande voie de communication (fig. 44) qui reliait la capitale provinciale Narbonne à la cité de Toulouse. Ces deux structures géométriques étant parfaitement liées, il suffisait, la méthode étant établie, d'aller prospecter le terrain pour en révéler les traces et les indices (fig. 46a et b).

Nous souhaitons que cette méthode de recherche suscitera quelques intérêts ou des vocations. Elle devrait nous permettre, quant à nous, de progresser encore pour une meilleure connaissance de cette grande voie d'Aquitaine et de tous les territoires qu'elle traverse.



Mille/Toulouse
(/Carcassonne)
Distance cumulée (MP~1,50 km) Station  selon les Itinéraires Milliaire Localisation
proposée
0 0 Tolosa
Civ. Tolosa
  Forum (place de la Trinité)
III
CIL 305
4,5   Flavius Decentius
(351-353)
Bellevue
(Rte de Narbonne)
IX 13,5 Ad Nonum
(au 9e mille)
  Près Pompertuzat
(carrefour N. 113)
XIV
CIL 304
21,0   Ré écrite 3 fois
Nelle lecture XIV
Ayguesvives
(D. 24)
XV
 
22,5 Bad(eira)   Baziège
XV
CIL 303
22,5   Ré écrite 3 fois
Mille XV et VX (erreur)
Baziège
(D. 24)
XVIII (incertain)
CIL 301
27,0   Flavius Constantinus
(317/337)
Villenouvelle
(Entrée est)
XVIIII
CIL 300
28,5   Flavius Valerius
(306/307)
Villenouvelle
(non loin de la Franque)
XX 30,0 Ad Vicesimum
(au 20e mille)
  Montgaillard
(En Denys)
X(X) (incertain)
CIL 302
30,0   Esuvius Tetricus
(271 ?)
Montgaillard
XXIX
 
43,5 Elusio   Montferrand
XXXIV
 
51,0 Fines   Couffoulentis ?
La Remise ? Autre ?
XXXVIII
(XXIV)
57,0
(36,0)
Sostomagus   Castelnaudary
XXXXVIII
(XIV)
72,0
(21,0)
Eburomagi
Vicus Hebromago
  Bram
LIIII
(VIII)
81,0
(12,0)
Cedros   Villesèquelande
(D. 33)
LXI (I)
CIL 297
1,5 (/Carcassonne)   Numerius Numerianus
(282/283)
Carcassonne
(Quartier ouest)
LXII
(0)
93,0
(0)
Carcassione
Cast. Carcassone
  Carcassonne
(La Cité)

Fig. 44.Voie d'Aquitaine selon les Itinéraires.


Fig. 45a. La voie d'Aquitaine <I>Tolosa – Sostomagus </I>(GE).
Fig. 45a. La voie d'Aquitaine Tolosa – Sostomagus (GE).


Fig. 45b. La voie d'Aquitaine <I>Sostomagus – Carcasso </I>(GE).
Fig. 45b. La voie d'Aquitaine Sostomagus – Carcasso (GE).


Fig. 46a. La voie d'Aquitaine <I>Ad Vicesimum-Sostomagus </I>(1/25 000<SUP>e</SUP>)
Fig. 46a. La voie d'Aquitaine Ad Vicesimum-Sostomagus (1/25 000e)


Fig. 46b. La voie d'Aquitaine <I>Sostomagus-Carcasso </I>(1/25 000<SUP>e</SUP>).
Fig. 46b. La voie d'Aquitaine Sostomagus-Carcasso (1/25 000e).


 

Toulouse Août 2008.
 



 

1 A. Piganiol. Les documents cadastraux de la colonie romaine d'Orange. XVIe suppl. à Gallia, 1962.

2 L. R. Decramer, R. Hilton, L. Lapierre, et A. Plas. La grande carte de la colonie romaine d'Orange. Autour des Libri coloniarum. Presses Universitaires de Franche- Comté, 4e trimestre 2006, p. 93- 114.

L.R. Decramer, L. Lapierre. La première carte de France. Revue XYX, n° 101, 4é trim.2004.

3 O. A. Dilke. Les arpenteurs de la Rome antique. Edit. APCDCA, 1995. G. Chouquer, F. Favory. L'arpentage romain. Edit. Errance, 2001.

4 A titre d'exemple, la série des fascicules publiés par l'Association Française de Topographie de R. D'Hollander : sciences géographiques, connaissance du monde et conception de l'Univers dans l'Antiquité.

5 L.R Decramer, R. Hilton A. Martin, A. Plas. La grande centuriation tunisienne et la voie d'Asprenas. Pour une chronologie des cadastres, routes et limites antiques. Bulletin SNAF 2002, édition de Broccard juin 2008. Voir aussi http://www.archeo-rome.com/.

6 L.R. Decramer, L. Lapierre. La centuriation de la colonie romaine de Nîmes, d'après le plan cadastral retrouvé à Orange. Archéologie en Languedoc, n°29, 2005, p. 61- 77.

7 J. Toutain. Les nouveaux milliaires de la route de Capsa à Tacape découverts par M. le capitaine Donau. MSNAF, s.7, t. 4, p. 153-230.

8 Croix (+) gravée sur la tranche supérieure.

9 R. Hilton, L. Lapierre, L.R. Decramer. Voies et cadastres romains, détection et mesures par satellites. Application à la grande centuriation tunisienne. Colloque Space Applications Days. CNES - CCT "Archéologie et Télédétection",  Toulouse, 24 avril 2008.

10 A. Perez. Les cadastres antiques en Narbonnaise occidentale. RAN, suppl. 29, 1995. A titre d'exemple pour la Narbonnaise occidentale qui nous concerne ici.

11 R. Chevallier. Les voies romaines. Picard, 1997, p. 308.

12 Ibid 5.

13 La voie impériale de Narbonne à Carcassonne. Etude géographique et archéologique. http://voies.archeo-rome.com/voies04.html et http://voies.archeo-rome.com/voies03.html

14 Locus : 43,59991°, 1,44392° (WGS 84).UTM 31 T : 374 406 ; 4 828 614 m.

15 J.-M. Pailler et al. Tolosa. Nouvelles recherches sur Toulouse et son territoire dans l'Antiquité. Coll. Ecole Française de Rome, 2002, p. 233.

16 Toulouse, la voie d'Aquitaine et les géomètres romains :http://voies.archeo-rome.com/voies03.html

17 Ibid. 15. Tolosa. Plan général hors texte.

18 La porte se trouverait toujours sous la Grand'chambre. Les autorités archéologiques en ont été informées.

19 G. Baccrabère. Voie et centuriation antiques à la sortie sud de la cité toulousaine. ASIBL de Toulouse, vol. 153, 1991.

20 Ibid. 15, p 318

21 M. Darbandi. Une méthode d'analyse des images aériennes pour l'étude géographique des paysages. Thèse à l'Université du Mirail, 1979. G. Baccrabère, ibid. 18, centuriation, p. 121. G. Chouquer. Répertoire topo-bibliographique des centuriations de narbonnaise. RAN, 26, 1994, p. 87-98. A. Perez. Un cadastre romain de Narbonnaise occidentale. RAN, 19, 1986, p. 117-132.

22 Az (décumanus) + arctg (2/1)= 119,0° + 63,4° = 182,4°

23 M. Labrousse. Toulouse antique. Des origines à l'établissement des Wisigoths. Ed. de Boccard, 1968. G. Baccrabère. Stations gallo-romaines en Lauragais. Mém. SA du Midi de la France, t. XXIX, 1963.

24 Ibid. 15. M. Passelac. Les agglomérations de la voie d'Aquitaine, p. 345-355.

26 Voir en particulier R. Chevallier. Les voies romaines. Ed. Picard 1997, p. 98 : les voies et les données géotopographiques

27 Les ratios se composent selon la loi des tangentes : tg (a+b) = tga* tgb / 1 - tga*tgb = 3/5+ 2/1 / 1- 3/5*2/1 = - 13 orientation 94,40°

28 G. Baccrabère. Ibid.18 et 22

29 L. Decramer. La via Aquitania entre Méditerranée et Atlantique. L'Archéologue, n°93, déc. 2007. Le millage a pu être déchiffré.

30 Ibid.29, p. 20.

31 Contrairement à ce qui est souvent avancé.

32 A. Dumège. Monuments religieux des Volques Tectosages, 1814, p. 69. Ce milliaire est conservé dans les réserves du musée Saint-Raymond. Nous lisons plutôt CT XVIII au lieu de CT XVIIII du Corpus (à confirmer). Par contre, l'autre milliaire exposé (CIL 300) indique bien XVIIII. Ce dernier devait être de l'autre côté de Villenouvelle à 1 mille d'Ad Vicesimum.

33 CIL XVII/2 n° 302. Son mille est incertain. Contra M. Labrousse. Deux milliaires de la route romaine de Toulouse à Narbonne. Pallas 6, 1958, p. 72. Il pense voir sous réserve XV. Le V est incertain, nous voyons une barre inclinée \ qui pourrait être celle d'un X (fig. 40b). Sa localisation incline pour XX.

34 Et non pas à l'Hôpital, comme il est admis.

35 Les circonstances n'ont pas permis de prospecter complètement ce site Il appartiendra aux archéologues d'identifier ce relais signalé par l'Itinéraire hiérosolomytain. On note la présence de puits et de source dans son voisinage.

36 WPT : 43,42429° ; 1,69592°. Largeur totale 7 pas, profondeur 50 cm. Hérisson de blocs calcaire ocre, tegula et cailloutis.

37 WPT 381 : 43,36697° ; 1,77939°. Pierres calcaires à 40cm sous le sol, largeur en biais ~5,50 m.

38 M. Passelac. Eburomagus, Sostomagus, Fines, Elesiodunum-Elusio : quatre agglomérations de la voie d'Aquitaine, quatre destins singuliers. RAN, suppl. 35, 2003, p.95-107. Les agglomérations de la voie d'Aquitaine. Ibid.15, p. 345-355.

39 La voie est visible près du pont dans un déversoir : coupe 43.34383° ; 1.84625° et bande de roulement. 

40 Ratio 3/10 (16,7°)

41 WPT : 43,33450° ; 1,90407°. Le radier de pierres se trouve à plus de 80 cm de profondeur sur une longueur de 27- 28 m, signe d'un virage.

42 M. Labrousse, ibid. 30, p. 341. Fines est à XVIIII de Badera, sans indication de distance avec Eburomagus, ce qui introduit une problématique.

43 M. Passelac, ibid. 33, p. 96.

44 Ce caractère rectiligne quelque soit la topographie (dans les limites du raisonnable) est typique des voies publiques, ce qui les différencie des autres routes sinueuses gauloises ou plus tardives. On éviterait ainsi d'appeler "romain" tout chemin ancien tortueux, même parfois pavé.

45 M. Passelac. Ibid. 33. L'apport des fouilles et des prospections, p. 96- 102.

46 A. Perez. Un cadastre romain de narbonnaise occidentale. RAN, 19, 1986, p. 117-132, en particulier fig. 4. Sa remarque est judicieuse même s'il avait retenu une orientation de 31,5°/est.

47 M. Labrousse, ibid. 30, p. 323- 325. Cette limite aurait été repoussée au-delà de Bram.

48 A contrario, les auteurs de Tolosa (Ibid. 15) placent nettement cette frontière entre Fines qu'ils mettent à Couffoulentis, et Sostomagus (carte hors texte).

49 G. Chouquer, F. Favory. Les arpenteurs romains. Théorie et pratique. Errance, 1992, p. 135. Toulouse B (30°30' E) et Castelnaudary A (32° E).

50 A. Perez. Les cadastres antiques en Narbonnaise occidentale. RAN, Suppl. 29, 1995 et Ibid. 40. Orientation du cadastre 31°30' E.

51 M. Darbandi, ibid. 20.

52 R. Sablayrolles. Ibid. 15. Les limites de la cité de Toulouse, p. 320-322.

53 111,80° (Az du décumanus) + 11,31° (arctg 1/5) = 123,1°

54 WPT 353 : 43,28721° ; 1,99578°

55 Azimut mesuré : 111,9°+-0,2° sur 6,5 km. Il n'y a aucun doute sur le ratio 2/5. Nous avons placé arbitrairement le raccordement entre les deux limitations à la sortie sud de Sostomagus près de la D 623.

56 http://www.bram.fr/maison_archeologie.html

57 Le réseau A de Castelnaudary (32°E et c=703m) n'est pas confirmé (G. Chouquer, ibid. 43, p. 135)

58 M. Labrousse, ibid. 30, p. 323- 325.

59 Puisque qu'il y a un doute sur la copie de la Table. A titre d'hypothèse, on pourrait avoir XXIIII au lieu de XVIIII. Ce mille 29 tombe dans cette zone.

60 Coupe VR (la Planète) : 0 433 511 ; 4 787 653 m

61 CIL XVII-2, p. 107 (6 milles d'Eburomagus, 9 km).

62 Elle emprunte pratiquement la voie sur ce parcours.

63 A confirmer par les archéologues.

64 M. Passelac. Carcassonne romaine : observations sur l'organisation dans la cité et ses abords. Carcassonne : études archéologiques. SESA 2001, p. 45-60.

651 mille = 1 500 +/- 10 m mesuré sur cette voie. http://voies.archeo-rome.com/voies04.html.

66 M. Guy. Les orientations des parcellaires quadrillés. RAN, 26, 1993, p. 57-68.

67 F. Favory. Retour critique sur les centuriations du Languedoc oriental, leur existence et leur datation. Les formes du paysage, Errance, 1996, p. 103. L'auteur analyse avec maîtrise les polémiques de cette période. Ce sujet semble toujours aussi épineux, puisque de fortes pressions s'exercent pour censurer nos travaux sur ces réseaux : "objet somme toute ingrat (auquel nous nous limitons) qui offrent (à d'autres) une scène valorisante : celle de la grande histoire" (p. 98).

68 Ibid.67, p. 111.

69 Ibid. 67, p. 105.

70 O. W. Dilke. Les arpenteurs de la Rome antique. APDCA, 1995, p. 29- 40.

71 Voir les plans cadastraux d'Orange. L. Decramer, L. Lapierre. La centuriation de la colonie romaine de Nîmes. Archéologie en Languedoc, n° 29, 2005, p. 61-77.

72 Ibid. 67, p. 98.

73 Nous remercions L. Lapierre et R. Hilton (ASC/CNES Archéologie) pour leur contribution. Que tous ceux qui nous ont aidé sur le terrain, trouvent ici l'expression de notre plus vive reconnaissance.

74 R. Sablayrolles. Les limites de la cité de Toulouse dans Tolosa, 2002, p. 307-310.